Des copeaux encore fraichement tirés des pièces de bois étaient éparpillés sur le sol quand les portes de l’atelier se sont refermées sur le stage de mise en pratique des fondamentaux du travail du bois à la main, un stage qui s’est tenu sur l’ensemble de la durée de la semaine d’octobre 2022 qui vient de s’écouler.
Mathieu L., Mathieu C. et Vincent ont suivi le cycle d’ateliers théoriques et démonstratifs Les fondamentaux du travail du bois à la main il y a plus d’un an et sont revenus cette semaine pour passer derrière l’établi et enfin (et je suis heureux de leur en offrir la possibilité) mettre en pratique les connaissances qu’ils ont acquises et travailler le bois aux outils à main. Fort de l’expérience de la première session qui s’est déroulée en juillet et étant donné que l’achèvement du banc de sciage pendant la semaine de stage dépend intimement de la dextérité et de l’habileté dont les stagiaires font preuve (il faut reconnaître que finir le banc dans la semaine reste pour un débutant un objectif un tantinet ambitieux), j’ai pris mon parti de ne pas aborder le corroyage. En lieu et place, nous avons peaufiné la technique de sciage pour gagner du temps à l’exécution des assemblages. Et cela a porté ses fruits: les traits sont devenus bien plus précis au fur et à mesure des exécutions, réduisant d’autant le temps nécessaire à la retouche et à l’ajustement. Nous avons indéniablement gagné en efficacité. Les stagiaires ont pu non seulement voir par eux-même qu’il est possible d’obtenir une précision diabolique en travaillant aux outils à main (n’est-ce pas paradoxal?), mais eux-même ont atteint ce niveau de précision au cours du stage, garantissant des assemblages ajustés dans lesquels les contraintes se répartissent, rendant le meuble bien plus solide et bien plus durable. Ils ont également eu l’opportunité au cours de ce stage de saisir ce paradigme différent dans lequel le travail du bois aux outils à main s’inscrit: il est facile de croire que la précision est inhérente à l’instrument de mesure, qu’il fallait se fier à un pied à coulisse précis au 2/100ème, or ce stage a démontré que la précision est en réalité inhérente à la méthode (et aux outils de taille qu’elle met en œuvre). C’est bien simple: une semaine durant, ce qui représente plus de 40 heures passées à l’établi, Mathieu n’a pas une seule fois pris la moindre mesure avec son réglet ou son mètre ruban et pourtant, je peux vous dire que ses assemblages seront monstrueusement robustes et que son banc de sciage tiendra debout! Pour ce qui me concerne, maintenant, l’objectif est atteint. Parce que chacun des stagiaires ont acquit cette gestuelle, ces méthodes et ces techniques. Parce qu’ils seront en mesure non seulement de les reproduire mais surtout, et là est pour moi l’essentiel, ils sont dorénavant en mesure de comprendre ce que leur geste implique. Ils sont en mesure d’évaluer de manière objective les conséquences sur la réalisation finale des éventuelles erreurs qu’ils commettent (et tout le monde peut se tromper, je peux moi-même en témoigner!). C’est en réalité un travail d’autonomisation qui s’est opéré et la seule différence entre eux et moi n’est désormais plus qu’une question de pratique!
D’ailleurs, c’est bien simple, le retour que les trois stagiaires ont eu la bienveillance de faire est très encourageant. J’entends qu’ils ont particulièrement savouré l’atmosphère agréable et pourtant très studieuse qui a régné durant ce stage. J’observe qu’ils ont aimé la pédagogie (le fait notamment que les étapes d’un assemblage sont montrés et expliqués avant de passer directement à l’établi pour les exécuter par eux-même) et je ne peux que constater qu’ils ont apprécié la manière dont les gestes, les étapes de réalisations et les concepts propre à la discipline sont présentés et sont mis en perspective (non seulement je leur apporte les pièces d’un puzzle mais tout mon rôle consiste à leur montrer comment elles s’imbriquent). Et ce n’est pas la moindre des choses, au delà de ça, je m’engage à prendre en compte les remarques qu’ils m’ont formulées.
Cerise sur le gâteau, en fin de semaine, nous avons eu le plaisir de la visite de François, stagiaire de juillet avec lequel nous avons partagé le repas. C’est dire à quel point cette expérience l’a traumatisé!!!
Alors oui, c’est une évidence, l’organisation d’un tel stage demande du temps et beaucoup d’énergie. Il faut corroyer l’ensemble des pièces pour chacun des stagiaires, un ensemble qui constitue une excellente base de travail. La période d’apprentissage à proprement parler nécessite également du temps et je ne compte pas les heures que nous avons passé parfois bien au delà de 18h pour expliquer tel ou tel concept, ou même avancer sur la taille et l’ajustement des assemblages avant de procéder au collage des pièces (je me remémorerai encore longtemps, Mathieu et Vincent, de l’efficacité que nous avons eu et du travail que nous avons abattu ensemble ce jeudi soir pour pouvoir coller les queues d’aronde avant la nuit!). Puis, une fois le stage achevé, je rentre à l’atelier et je reprends chacun des trousseaux, je vérifie l’état des outils, reprends l’affûtage de chacun des tranchants et m’assure de leur pleine fonctionnalité pour attaquer la prochaine session sur des bases saines. Certes, et si je dois avouer que je termine le stage moins vaillant (mais non moins efficace) que lorsque je l’ai commencée, je suis heureux d’avoir participé, à ma modeste place, à faire avancer la connaissance du travail du bois aux outils à main!
Maintenant, quand je vois le sourire sur le visage des stagiaires, quand je vois la fierté qu’ils éprouvent à effectuer leurs premiers assemblages à queue d’aronde et quand je vois la connaissance et le bagage technique avec laquelle ils repartent, je dois bien avouer que ça ne me laisse pas indifférent et que je n’attends qu’une chose: recommencer!
Un stage excellent tant par l’ambiance et la bienveillance du groupe que par la qualité du savoir faire que Seb nous transmet ! Une semaine intense de laquelle ma pratique de l’ébénisterie sort grandie (et ce n’est qu’un euphémisme !). Je laisse ce commentaire aujourd’hui car mon banc de sciage est maintenant opérationnel ! Et oui, grace à l’apport et l’utilisation de toute ces techniques, j’ai été en mesure de finaliser le banc chez moi. Et clairement cela signifie que l’objectif du stage est vraiment atteint ! Merci pour cette transmission et tous ces échanges !
Un stage à faire pour tout ceux qui veulent passer du bricolage à l’ébénisterie !
A quand la session : affutage et avoyage de scie ? Assemblages Japonais ? … 😜
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Retour sur la session de mise en pratique d’octobre 2022
Des copeaux encore fraichement tirés des pièces de bois étaient éparpillés sur le sol quand les portes de l’atelier se sont refermées sur le stage de mise en pratique des fondamentaux du travail du bois à la main, un stage qui s’est tenu sur l’ensemble de la durée de la semaine d’octobre 2022 qui vient de s’écouler.
Mathieu L., Mathieu C. et Vincent ont suivi le cycle d’ateliers théoriques et démonstratifs Les fondamentaux du travail du bois à la main il y a plus d’un an et sont revenus cette semaine pour passer derrière l’établi et enfin (et je suis heureux de leur en offrir la possibilité) mettre en pratique les connaissances qu’ils ont acquises et travailler le bois aux outils à main.
Fort de l’expérience de la première session qui s’est déroulée en juillet et étant donné que l’achèvement du banc de sciage pendant la semaine de stage dépend intimement de la dextérité et de l’habileté dont les stagiaires font preuve (il faut reconnaître que finir le banc dans la semaine reste pour un débutant un objectif un tantinet ambitieux), j’ai pris mon parti de ne pas aborder le corroyage.
En lieu et place, nous avons peaufiné la technique de sciage pour gagner du temps à l’exécution des assemblages. Et cela a porté ses fruits: les traits sont devenus bien plus précis au fur et à mesure des exécutions, réduisant d’autant le temps nécessaire à la retouche et à l’ajustement. Nous avons indéniablement gagné en efficacité.
Les stagiaires ont pu non seulement voir par eux-même qu’il est possible d’obtenir une précision diabolique en travaillant aux outils à main (n’est-ce pas paradoxal?), mais eux-même ont atteint ce niveau de précision au cours du stage, garantissant des assemblages ajustés dans lesquels les contraintes se répartissent, rendant le meuble bien plus solide et bien plus durable.
Ils ont également eu l’opportunité au cours de ce stage de saisir ce paradigme différent dans lequel le travail du bois aux outils à main s’inscrit: il est facile de croire que la précision est inhérente à l’instrument de mesure, qu’il fallait se fier à un pied à coulisse précis au 2/100ème, or ce stage a démontré que la précision est en réalité inhérente à la méthode (et aux outils de taille qu’elle met en œuvre). C’est bien simple: une semaine durant, ce qui représente plus de 40 heures passées à l’établi, Mathieu n’a pas une seule fois pris la moindre mesure avec son réglet ou son mètre ruban et pourtant, je peux vous dire que ses assemblages seront monstrueusement robustes et que son banc de sciage tiendra debout!
Pour ce qui me concerne, maintenant, l’objectif est atteint. Parce que chacun des stagiaires ont acquit cette gestuelle, ces méthodes et ces techniques. Parce qu’ils seront en mesure non seulement de les reproduire mais surtout, et là est pour moi l’essentiel, ils sont dorénavant en mesure de comprendre ce que leur geste implique. Ils sont en mesure d’évaluer de manière objective les conséquences sur la réalisation finale des éventuelles erreurs qu’ils commettent (et tout le monde peut se tromper, je peux moi-même en témoigner!). C’est en réalité un travail d’autonomisation qui s’est opéré et la seule différence entre eux et moi n’est désormais plus qu’une question de pratique!
D’ailleurs, c’est bien simple, le retour que les trois stagiaires ont eu la bienveillance de faire est très encourageant. J’entends qu’ils ont particulièrement savouré l’atmosphère agréable et pourtant très studieuse qui a régné durant ce stage. J’observe qu’ils ont aimé la pédagogie (le fait notamment que les étapes d’un assemblage sont montrés et expliqués avant de passer directement à l’établi pour les exécuter par eux-même) et je ne peux que constater qu’ils ont apprécié la manière dont les gestes, les étapes de réalisations et les concepts propre à la discipline sont présentés et sont mis en perspective (non seulement je leur apporte les pièces d’un puzzle mais tout mon rôle consiste à leur montrer comment elles s’imbriquent). Et ce n’est pas la moindre des choses, au delà de ça, je m’engage à prendre en compte les remarques qu’ils m’ont formulées.
Cerise sur le gâteau, en fin de semaine, nous avons eu le plaisir de la visite de François, stagiaire de juillet avec lequel nous avons partagé le repas. C’est dire à quel point cette expérience l’a traumatisé!!!
Alors oui, c’est une évidence, l’organisation d’un tel stage demande du temps et beaucoup d’énergie. Il faut corroyer l’ensemble des pièces pour chacun des stagiaires, un ensemble qui constitue une excellente base de travail. La période d’apprentissage à proprement parler nécessite également du temps et je ne compte pas les heures que nous avons passé parfois bien au delà de 18h pour expliquer tel ou tel concept, ou même avancer sur la taille et l’ajustement des assemblages avant de procéder au collage des pièces (je me remémorerai encore longtemps, Mathieu et Vincent, de l’efficacité que nous avons eu et du travail que nous avons abattu ensemble ce jeudi soir pour pouvoir coller les queues d’aronde avant la nuit!). Puis, une fois le stage achevé, je rentre à l’atelier et je reprends chacun des trousseaux, je vérifie l’état des outils, reprends l’affûtage de chacun des tranchants et m’assure de leur pleine fonctionnalité pour attaquer la prochaine session sur des bases saines.
Certes, et si je dois avouer que je termine le stage moins vaillant (mais non moins efficace) que lorsque je l’ai commencée, je suis heureux d’avoir participé, à ma modeste place, à faire avancer la connaissance du travail du bois aux outils à main!
Maintenant, quand je vois le sourire sur le visage des stagiaires, quand je vois la fierté qu’ils éprouvent à effectuer leurs premiers assemblages à queue d’aronde et quand je vois la connaissance et le bagage technique avec laquelle ils repartent, je dois bien avouer que ça ne me laisse pas indifférent et que je n’attends qu’une chose: recommencer!
2 replies to “Retour sur la session de mise en pratique d’octobre 2022”
PHILIPPE THIRIET
tu es vraiment un type formidable et je suis heureux de te compter parmi mes « véritables » amis
Clavilier Mathieu
Un stage excellent tant par l’ambiance et la bienveillance du groupe que par la qualité du savoir faire que Seb nous transmet ! Une semaine intense de laquelle ma pratique de l’ébénisterie sort grandie (et ce n’est qu’un euphémisme !). Je laisse ce commentaire aujourd’hui car mon banc de sciage est maintenant opérationnel ! Et oui, grace à l’apport et l’utilisation de toute ces techniques, j’ai été en mesure de finaliser le banc chez moi. Et clairement cela signifie que l’objectif du stage est vraiment atteint ! Merci pour cette transmission et tous ces échanges !
Un stage à faire pour tout ceux qui veulent passer du bricolage à l’ébénisterie !
A quand la session : affutage et avoyage de scie ? Assemblages Japonais ? … 😜