« C’est le travail du bois qui m’a permis de ressentir le plaisir d’imaginer et concevoir, puis de donner vie à mes propres réalisations.
Ce qui, au début, n’était qu’une idée est devenu un meuble.
Ce, grâce au seul travail de mes propres mains ». – Sébastien Gros

« Après vingt années passées dans l’aéronautique, j’ai fait le choix radical d’embrasser un chemin différent.  J’ai fait le choix de travailler le bois que je pratique depuis maintenant quinze ans.

Cette première partie de ma vie vécue dans l’industrie m’a beaucoup apporté.  En effet, mon travail était abstrait et complexe, l’approche était analytique, complète et structurée.  L’environnement dans lequel j’évoluais était pleinement stimulant intellectuellement parlant.
Oui, mon métier était technique et riche d’interactions et de rencontres.  J’échangeais avec des hommes et des femmes provenant de cultures très différentes et issus des quatre coins de la planète.

Mais une fois de retour chez moi, travailler le bois me permettait de revenir à l’essentiel.  Je revenais justement au travail de la matière, à la réalisation concrète.
Grâce au travail du bois, j’ai ressenti le plaisir d’imaginer et de concevoir, puis de construire et rendre réel ce qui, au début, n’était qu’une vague idée.  Et c’est grâce à mes outils et à mes propres mains que cette idée a pris la forme d’un meuble. Au-delà de ça, j’ai découvert la dignité de subvenir en autonomie à mes besoins, grâce au seul travail de mes mains.

Rabotage de chant
travail du bois à contrejour dans l'atelier

Ces années ont justement été l’occasion de mûrir ma pratique.  En effet, j’ai fabriqué les outils dont j’avais besoin pour travailler.  J’ai pu m’approprier, développer et approfondir les techniques de travail du bois à la main.  Mais j’ai également eu la chance de découvrir ce milieu aux antipodes du monde industriel dans lequel j’ai évolué pendant toutes ces années. 

Le milieu du travail du bois à la main est un milieu riche de partage et de rencontres.  On y croise des personnes aux convictions justes et profondes.

Et ces rencontres m’ont ouvert des portes.  Un premier contact avec Michel Auriou qui a permis le lien avec Le Bouvet.  Le Bouvet est un des sinon le magazine Francophone de référence pour le travail du bois.  Les articles que je rédige pour eux parlent justement d’outils, de techniques et de réalisations dans le cadre du travail du bois aux outils à main. De ces articles est né un livre sur les outils pour le travail du bois à la main.  Il s’agit du tout premier livre depuis bien (trop) longtemps d’un auteur francophone sur le sujet!
J’ai également entrepris de développer et animer des ateliers sur cette pratique singulière.  D’ailleurs l’enseignement m’apporte beaucoup.

En prenant un peu de recul, je réalise que si l’itinéraire semble parfois tortueux, il est amusant de voir les chemins surprenants que la vie nous réserve…

J’ai longtemps travaillé, et avec beaucoup de cœur, à résoudre des problèmes parfois critiques.  Des problèmes qui d’ailleurs affectaient des systèmes embarqués essentiels à la sécurité du vol d’un avion.
Or ma vie aujourd’hui prend un tout autre sens.  Grâce à La Manufacture Atelier Bois, je réalise des meubles de mes propres mains et j’ai surtout la fierté de permettre à des personnes de se lancer et d’approfondir leur pratique dans ce domaine passionnant qu’est le travail du bois à la main.

Et puis ce qui change radicalement, c’est que le travail que je suis en mesure d’abattre dans la journée dépend désormais de la quantité de muesli que je verse dans mon bol le matin. »

Crédit photos: Amandine SZCZEPANIAK