La variété des types de rabots qui ont été conçu à ce jour n’a d’équivalent que le nombre de petits-pois contenu dans un sachet surgelé. La liste de ces types de rabots est longue comme le bras et s’allonge encore davantage si l’on prend en compte les variantes. Ceci dit, la raison pour laquelle à l’époque Stanley a développé chacun des rabots peut sembler évidente et triviale, il en est un, le Stanley 10 1/4 (et ses différentes variantes – le 10, le 10 1/2 ainsi que leur déclinaisons en versions corrugated respectives) ainsi que son équivalent moderne, le Lie Nielsen 10 1/4, est longtemps restée floue.
Ces rabots sont demeuré pour moi, et ça a duré de nombreuses années, un grand mystère (cf. cette mine d’information en anglais sur les types de rabots, pour ceux qui n’y ont pas encore jeté un coup d’oeil).
Le Stanley 10 1/4
En préambule, je tiens à préciser que le Stanley 10 1/4 ou le Lie Nielsen 10 1/4 restent des rabots très similaires. Leurs différences sont si minimes que parler de l’un, c’est nécessairement parler de l’autre. En tous cas, ce qui caractérise Le Stanley 10 1/4 c’est qu’il s’agit d’une sorte de rabot hybride entre le riflard et le guillaume. Je m’explique.
S’il présente peu ou prou les dimensions d’un riflard, il présente également une architecture digne d’un riflard. Le canada dry du rabot d’établi en quelque sorte! Autrement dit, il possède un groupe de coupe monté sur un chariot qui positionne le fer (couplé à un contrefer, donc), biseau vers le bas, à un angle très classique de 45° par rapport à la semelle de l’outil (un angle de coupe de 45° donc pour un angle de dépouille de…??? Allez donc me réviser tout ça!).
Maintenant vous, je ne sais pas, mais en l’état actuel des choses et de la progression dans la description de cet article, je me retrouve comme une poule devant une fourchette et je suis proprement incapable de différencier le Stanley 10 1/4 d’un riflard classique… En revanche, si l’on s’attache aux flancs, on remarque que deux grandes ouvertures y sont pratiquées. Grâce au fer qui présente la même largeur que la semelle de l’outil, la largeur de coupe est identique à la largeur du rabot. Et en cela, cet outil ressemble à s’y méprendre à un guillaume…!
D’ailleurs deux inciseurs rétractables se logent à fleur du flanc, juste en amont des orifices, ce qui laisserait penser à une conception davantage orientée vers une utilisation à travers fil. On reste néanmoins dans le domaine du suppositoire…
On est loin du meilleur des deux mondes!
Un riflard qui peut faire guillaume ou un guillaume pour faire riflard? Pourtant le rabot ne présente pas de continuité de matière entre le nez de l’outil et le reste de la semelle, une des caractéristiques du riflard (ou de tout autre rabot d’établi). Autrement dit, du fait de l’absence de ces petites bandes de part et d’autre de la lumière au niveau de la semelle, il est difficile à l’outil de maintenir son assiette et la profondeur de coupe de l’outil n’est plus vraiment contrôlable avec exactitude et précision comme ce serait le cas dans la mise en œuvre d’un rabot d’établi classique.
D’autre part, ferait-il pour autant un bon guillaume? (on se croirait tout droit sorti d’un film du moyen âge avec cette phrase!) Que nenni (vous entendez le destrier qui bat de ses sabot les pavés de la cour tandis que le palefrenier hèle le maître d’arme???!!) Effectivement, les guillaumes présentent un angle faible pour faciliter leur progression en bois de bout. Or ce n’est pas le cas sur cet outil. Autant dire qu’avec le Stanley 10 1/4, reprendre une arase de tenon, ça va être coton…
Un mauvais riflard et pas même un bon guillaume? Mais à quoi peut donc servir ce foutu tas de fonte!?
C'est un spécialiste et il excelle dans ce qu'il fait!
J’ai compris toute la pertinence de ce rabot quand un client m’a demandé de remplacer les alèses de sa table dont les angles rectangulaires ont été transformés par l’ébéniste qui l’avait construite en arrondis qui pour le coup en étaient presque caricaturaux…
Il m’a fallu couper les lames du plateau en travers fil au niveau de l’interface avec les anciennes alèses, tailler à chaque bois de bout de chacune une rainure renforcée d’un tenon et mon trait de scie a beau s’améliorer de jour en jour et a beau ne pas être des plus vilains, il reste souvent bien trop de gras à rattraper… Autrement dit une trop grande épaisseur sur une bien trop grande longueur à reprendre à la guimbarde (les afficionados du blog et les ceintures bleues et les ceintures marrons en travail du bois à la main savent de quoi je parle!).
Le Stanley 10 1/4 qui bronzait à l’ombre dans les antres de mon coffre à outils fermé et que je n’ai jamais eu l’occasion de mettre en oeuvre est devenu l’outil idéal: du rabotage à travers fil pour enlever de la matière de façon très efficace, en tous cas juste ce qu’il faut pour approcher la cote avant de parfaire la surface à la guimbarde… Et la grâce est venue, l’espace d’un instant, emplir de lumière le moindre recoin de l’atelier…
Alors il est vrai que la constitution d’un plateau coiffé d’alèses n’est pas chose fréquente mais si jamais ça devait vous arriver, j’ai désormais sous la main le rabot qu’il vous faut!
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Le secret du mystérieux Stanley 10 1/4
La variété des types de rabots qui ont été conçu à ce jour n’a d’équivalent que le nombre de petits-pois contenu dans un sachet surgelé. La liste de ces types de rabots est longue comme le bras et s’allonge encore davantage si l’on prend en compte les variantes. Ceci dit, la raison pour laquelle à l’époque Stanley a développé chacun des rabots peut sembler évidente et triviale, il en est un, le Stanley 10 1/4 (et ses différentes variantes – le 10, le 10 1/2 ainsi que leur déclinaisons en versions corrugated respectives) ainsi que son équivalent moderne, le Lie Nielsen 10 1/4, est longtemps restée floue.
Ces rabots sont demeuré pour moi, et ça a duré de nombreuses années, un grand mystère (cf. cette mine d’information en anglais sur les types de rabots, pour ceux qui n’y ont pas encore jeté un coup d’oeil).
Le Stanley 10 1/4
En préambule, je tiens à préciser que le Stanley 10 1/4 ou le Lie Nielsen 10 1/4 restent des rabots très similaires. Leurs différences sont si minimes que parler de l’un, c’est nécessairement parler de l’autre.
En tous cas, ce qui caractérise Le Stanley 10 1/4 c’est qu’il s’agit d’une sorte de rabot hybride entre le riflard et le guillaume.
Je m’explique.
S’il présente peu ou prou les dimensions d’un riflard, il présente également une architecture digne d’un riflard. Le canada dry du rabot d’établi en quelque sorte!
Autrement dit, il possède un groupe de coupe monté sur un chariot qui positionne le fer (couplé à un contrefer, donc), biseau vers le bas, à un angle très classique de 45° par rapport à la semelle de l’outil (un angle de coupe de 45° donc pour un angle de dépouille de…??? Allez donc me réviser tout ça!).
Maintenant vous, je ne sais pas, mais en l’état actuel des choses et de la progression dans la description de cet article, je me retrouve comme une poule devant une fourchette et je suis proprement incapable de différencier le Stanley 10 1/4 d’un riflard classique…
En revanche, si l’on s’attache aux flancs, on remarque que deux grandes ouvertures y sont pratiquées. Grâce au fer qui présente la même largeur que la semelle de l’outil, la largeur de coupe est identique à la largeur du rabot. Et en cela, cet outil ressemble à s’y méprendre à un guillaume…!
D’ailleurs deux inciseurs rétractables se logent à fleur du flanc, juste en amont des orifices, ce qui laisserait penser à une conception davantage orientée vers une utilisation à travers fil. On reste néanmoins dans le domaine du suppositoire…
On est loin du meilleur des deux mondes!
Un riflard qui peut faire guillaume ou un guillaume pour faire riflard?
Pourtant le rabot ne présente pas de continuité de matière entre le nez de l’outil et le reste de la semelle, une des caractéristiques du riflard (ou de tout autre rabot d’établi). Autrement dit, du fait de l’absence de ces petites bandes de part et d’autre de la lumière au niveau de la semelle, il est difficile à l’outil de maintenir son assiette et la profondeur de coupe de l’outil n’est plus vraiment contrôlable avec exactitude et précision comme ce serait le cas dans la mise en œuvre d’un rabot d’établi classique.
D’autre part, ferait-il pour autant un bon guillaume? (on se croirait tout droit sorti d’un film du moyen âge avec cette phrase!)
Que nenni (vous entendez le destrier qui bat de ses sabot les pavés de la cour tandis que le palefrenier hèle le maître d’arme???!!)
Effectivement, les guillaumes présentent un angle faible pour faciliter leur progression en bois de bout. Or ce n’est pas le cas sur cet outil. Autant dire qu’avec le Stanley 10 1/4, reprendre une arase de tenon, ça va être coton…
Un mauvais riflard et pas même un bon guillaume? Mais à quoi peut donc servir ce foutu tas de fonte!?
C'est un spécialiste et il excelle dans ce qu'il fait!
J’ai compris toute la pertinence de ce rabot quand un client m’a demandé de remplacer les alèses de sa table dont les angles rectangulaires ont été transformés par l’ébéniste qui l’avait construite en arrondis qui pour le coup en étaient presque caricaturaux…
Il m’a fallu couper les lames du plateau en travers fil au niveau de l’interface avec les anciennes alèses, tailler à chaque bois de bout de chacune une rainure renforcée d’un tenon et mon trait de scie a beau s’améliorer de jour en jour et a beau ne pas être des plus vilains, il reste souvent bien trop de gras à rattraper… Autrement dit une trop grande épaisseur sur une bien trop grande longueur à reprendre à la guimbarde (les afficionados du blog et les ceintures bleues et les ceintures marrons en travail du bois à la main savent de quoi je parle!).
Le Stanley 10 1/4 qui bronzait à l’ombre dans les antres de mon coffre à outils fermé et que je n’ai jamais eu l’occasion de mettre en oeuvre est devenu l’outil idéal: du rabotage à travers fil pour enlever de la matière de façon très efficace, en tous cas juste ce qu’il faut pour approcher la cote avant de parfaire la surface à la guimbarde…
Et la grâce est venue, l’espace d’un instant, emplir de lumière le moindre recoin de l’atelier…
Alors il est vrai que la constitution d’un plateau coiffé d’alèses n’est pas chose fréquente mais si jamais ça devait vous arriver, j’ai désormais sous la main le rabot qu’il vous faut!