La dernière session pendant laquelle des élèves sont passés derrière l’établi a vu la casse d’un ciseau à bois… Le médecin a posé son diagnostic et il est sans appel. C’est grave docteur parce qu’on constate une séparation du manche et de la lame… RIP, petit ciseau de 10mm! On aurait pu en rester là mais ça me pose un cas de conscience de devoir me résoudre à jeter un outil sans tenter le sauver. Alors voici, pour la réparation d’un ciseau à bois, une manière de procéder.
Le creusage de mortaises sollicite grandement le tranchant des outils, certes, mais le reste de l’outil n’est pas en reste. Parce qu’il n’y a pas de secrets: pour que le tranchant bûche et pénètre dans du bois de fil, il ne faut pas faire le timide. Il est important de poser le cerveau, de sortir les bras et d’y aller copieusement en mettre de vaillants coups de maillet. Or le choc traverse l’ensemble de l’outil avant d’atteindre le tranchant et la moindre faiblesse entraîne un endommagement qui à plus ou moins long terme compromet l’intégrité de l’outil.
Il en va de même avec l’extraction, quand on bûche une mortaise. En effet, la technique que je propose à mes élèves met en œuvre un ciseau à bois. Or son extraction peut se révéler difficile, à fortiori quand les flancs de la lame ne sont pas biseautés. Il n’empêche, les sollicitations mécaniques à l’interface entre le manche et la soie sont intenses. A fortiori quand on effectue ce mouvement de va et vient dans le sens transversal de l’axe de la pièce. L’un de mes élèves a vu le manche du ciseau à bois lui rester dans le creux de la main…
Il s’agit là d’un ciseau de moyenne gamme de qualité tout à fait respectable. Et dans un premier temps, avant de suspecter un défaut générique sur ces outils et de les remplacer, je vais patienter pour voir si d’autres ciseaux sont affectés par le même défaut.
Quoiqu’il en soit, nous allons procéder à la réparation de l’outil. Et pour ce faire j’ai pris le parti d’utiliser de la résine époxy (ou colle époxy). C’est une colle bi-composants, poisseuse, visqueuse, épaisse et incompressible, qui polymérise une fois les deux composants minutieusement mélangés. Cette polymérisation est initiée au bout de une à quelques dizaines de minutes en fonction du type de durcisseur utilisé. J’ai ainsi réalisé de fines rainures sur les arêtes de la soie. Une disqueuse équipée d’un disque à tronçonner est une option. Une scie à métaux en est une également. L’objectif de ces rainures est d’augmenter l’accroche du manche sur la soie, C’est justement dans ces arêtes que la résine va pouvoir venir se loger pour avoir plus de prise.
Dans le manche, je visse une vis de gros diamètres qui va laisser derrière elle le sillon du filetage. Une fois la vis extraite, ce sillon va donc augmenter la profondeur des aspérités sur la surface qui viendra au contact de la soie. Par voie de conséquence, il participe à une meilleure adhérence du manche à la soie. Nota: l’élastique permet de marquer la profondeur maximale de vissage pour ne pas visser en fond de perçage.
Dans un premier temps, on enduit du mieux possible les deux surfaces de colle. On cherche à faire en sorte que la résine se loge dans les aspérités des deux éléments. On veille à ce que la colle ne soit pas présente en excès sur le manche. Le but étant de ne pas créer de bourrelet à l’interface avec le renflement de la lame en base de soie. En effet, le manche doit dans la mesure du possible appuyer sur le métal et non sur de l’époxy. Dans un second temps, on accoste le manche sur la soie. On vient pour ce faire frapper la tête à l’aide d’un maillet. Le but de l’opération est d’asseoir le manche sur le renflement de la lame. L’excès d’époxy, s’il se trouve initialement sur les parois du manche viendra migrer en fond de perçage. On veillera à contenir la quantité de résine que l’on dépose. Son accumulation ne facilitera pas l’accostage en butée des deux parties de l’outil. A contrario, si l’excès se trouve sur la soie, il viendra migrer au niveau du bourrelet. C’est ce que l’on cherche dans la mesure du possible à éviter. Ceci dit, un serrage convenable de l’ensemble aidera la colle à migrer vers l’extérieur. Il suffira alors d’en essuyer l’excès.
Même si la résine époxy continue à durcir de longues semaines après le début de la polymérisation, je vais laisser le ciseau sécher 48h avant de le replacer dans la trousse de mes élèves.
Je suis confiant pour la tenue de la réparation. Cependant je garderai un oeil sur le comportement de ce ciseau sur le long terme.
En tout état de cause, je tâcherai de ne pas le mettre entre les mains d’un Golgoth lors de la prochaine session de mise en pratique des fondamentaux…!
Hervé,
Il existe un technique que j’ai vue utilisée par Paul Sellers qui permet d’utiliser un ciseau à bois en lieu et place d’un bédane pour creuser une mortaise. J’ai été le premier surpris mais à celà je vois deux avantages: moyennant un peu d’attention pour ne pas mettre la lame en porte-à-faux dans le mauvais axe (là où la section de la lame offrira le moins de résistance), 1. on peut mettre en oeuvre un outil moins encombrant et plus maniable que le bédane et 2. On s’économise, dans un premier temps du moins, l’achat d’un jeu de bédane qui peut, en fonction des fabricants, rajouter un demi-rein sur le montant de la facture finale.
A très bientôt,
Sébastien
PS: ceci dit, j’ai tout de même réussi à casser un ciseau de 3mm à bûcher les pièces femelles des enfourchements d’un lutrin…! Trop petite section… Sanction!
Bonsoir Sebastien,
moi, j’aimerais savoir comment faire un manche pour des vieux ciseaux achetés sur une brocante. ou reçus. Il me semble avoir aperçu cela chez Mortise & Tenon mais je n’arive plus à retrouver l’info. Et hélas avec le Brexit, j’ai renoncé à continuer achter le magazine vu que je dois payer des taxes aussi chères que le magazine lui-même. Cela dit, j’ai contacté Dieter Schmidt à Berlin pour leur suggérer de distribuer la magazine sur le continent européen et ainsi ne plus devoir payer des taxes scandaleuse, ils semble intéressés par le challenge, cela devait se fair en 2023. En attendant si vous avez une piste pour ma question elle sera la bienvenue.
Merci d’avance.
Jacques, le belge …
Bonsoir Jacques,
Il est clair qu’il ne fait pas bon chercher du matériel outre-manche en ce moment et j’ai comme le sentiment que c’est parti pour durer…!
(Ceci dit, outre-atlantique, c’est la même paire de manches – sans mauvais jeu de mots sur les noms des mers et océans! – c’est au bas mot 50% du prix en plus à débourser entre les frais de douane et les frais de port…).
Pour ce qui concerne la fabrication d’un manche, tout dépend de l’architecture de l’outil: est-ce une lame à soie ou à fourreau?
A fourreau, il faut un tour: en son absence, il sera très difficile de respecter la conicité du manche et l’angle complémentaire au fourreau. Et dès que l’on s’en éloigne, le manche ne reste plus logé dans l’outil.
A soie, tout dépend de la forme de la soie. Dans notre cas, il s’agit d’une soie de section carrée, aux arêtes arrondies. Le perçage du manche est cylindrique d’un diamètre inférieur (on devait être à 8mm de diamètre de perçage pour 10mm de côté en terme de section de soie. On joue alors sur la compressibilité des fibres pour permettre la tenue du manche sur la lame.
Ceci dit, j’ai eu à adapter un manche pour lui permettre de tenir sur une gouge coudée de chez Scharwaechter. J’ai pour cela réalisé un perçage étagé pour qu’il puisse s’adapter à la soie pyramidale de section carrée de l’outil.
Quant au manche lui-même, cela va sans dire que les fibres du bois doivent être orientées dans l’axe de l’outil et je réaliserais son façonnage à la plane puis à la râpe (la mienne est piquée main et c’est un excellent outil!). Ceci dit pour un outil de frappe (bédane par ex.), je chercherais des manches pré-équipés de viroles (en base et en haut du manche) pour éviter qu’il ne se désintègre au premier coup de maillet.
J’espère que ces éléments de réponse vous seront utiles!
A bientôt,
Sébastien
Bonjour Sébastien !
Merci de tout ce travail que tu nous partage ici, c’est très précieux. En particulier, tu décris des outils et techniques sur je n’ai pas vus ailleurs sur le net, et qu’il faudrait sinon aller glaner dans les vieux organees sur le travail du bois… D’autant que tu expliques pas à pas et montres des photos.
Merci à Cray Birkenvald de t’avoir cité, c’est comme ça que j’ai découvert ton travail.
Je me demande comment, avec des outils à main, faire des tasseaux de faible épaisseur (1-5 mm par exemple). J’imagine qu’il faudrait un gabarit du style planche à recaler, mais avec une rainure pour passer le rabot dessus. Enfin je ne sais pas si je suis clair….
As-tu déjà fait ça, voire fait un gabarit ? Si non, que serait le nom du bouzin que je cherche ?
Peut-être qu’il faut que j’aille regarder du côté de la lutherie, où il y a souvent de petites pièces de bois.
Merci pour ton aide, le cas échéant, j’ai toujours plaisir à découvrir un nouvel article sur tes blogs !
Adrien.
Un grand merci pour ton retour et je suis heureux de savoir que ce partage enrichit!
En tous cas, l’approche que j’embrasse est singulière dans la mesure où elle s’abstrait de mesures graduées. L’intérêt, c’est que la mesure graduée induit de manière inhérente le cumul de deux erreurs: l’une à la lecture, l’autre au report de mesure. Et rare sont les fois où ces erreurs se compensent!
Cette approche un peu singulière revient non pas à travailler comme en l’ancien temps (j’aime trop la musique qui passe dans l’atelier pour ça!) mais elle vise à adopter une approche très pragmatique et qui produit de la précision. D’ailleurs, les bases de cette approche s’inspirent de ce qui avait cours au début du siècle dernier dans les ateliers où on travaillait le bois.
En tous cas merci à Cray pour la citation. Un Cray qui derrière son air ronchon et débonnaire est loin d’être con! (faudrait que j’aille voir s’il ne dit pas trop de conneries tout de même!!!).
Maintenant, pour répondre à ta question, s’il me fallait produire des tasseaux de faible épaisseur, je partirais sur un gabarit à calibrer. L’occasion pour moi ne s’est pas présentée mais je partirais sur un gabarit de ce type:
Ce calibreur est ajusté à la largeur du rabot que j’utilise (ici un 5 1/2) et la piste est matérialisée par les deux feuillures dans les débits qui constituent les parois du gabarit. Dans ton cas, c’est la distance entre le fond de la feuillure (cote prise dans l’orientation de la photo) et la surface sur laquelle tu vas appuyer les pièces que tu travailles qui va déterminer l’épaisseur finale de tes tasseaux.
J’ai souvenir de tels calibreurs qui s’utilisaient avec un rabot de paume. Tout dépend en réalité de la largeur des tasseaux que tu souhaites produire. En tous cas, ton intuition est très pertinente!
(et si si, c’était très clair!)
A bientôt pour le prochain article sur le blog (j’y travaille activement) et au plaisir d’échanger!
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Réparation d’un ciseau à bois
La dernière session pendant laquelle des élèves sont passés derrière l’établi a vu la casse d’un ciseau à bois… Le médecin a posé son diagnostic et il est sans appel. C’est grave docteur parce qu’on constate une séparation du manche et de la lame… RIP, petit ciseau de 10mm! On aurait pu en rester là mais ça me pose un cas de conscience de devoir me résoudre à jeter un outil sans tenter le sauver. Alors voici, pour la réparation d’un ciseau à bois, une manière de procéder.
Le creusage de mortaises sollicite grandement le tranchant des outils, certes, mais le reste de l’outil n’est pas en reste. Parce qu’il n’y a pas de secrets: pour que le tranchant bûche et pénètre dans du bois de fil, il ne faut pas faire le timide. Il est important de poser le cerveau, de sortir les bras et d’y aller copieusement en mettre de vaillants coups de maillet. Or le choc traverse l’ensemble de l’outil avant d’atteindre le tranchant et la moindre faiblesse entraîne un endommagement qui à plus ou moins long terme compromet l’intégrité de l’outil.
Il en va de même avec l’extraction, quand on bûche une mortaise. En effet, la technique que je propose à mes élèves met en œuvre un ciseau à bois. Or son extraction peut se révéler difficile, à fortiori quand les flancs de la lame ne sont pas biseautés. Il n’empêche, les sollicitations mécaniques à l’interface entre le manche et la soie sont intenses. A fortiori quand on effectue ce mouvement de va et vient dans le sens transversal de l’axe de la pièce. L’un de mes élèves a vu le manche du ciseau à bois lui rester dans le creux de la main…
Il s’agit là d’un ciseau de moyenne gamme de qualité tout à fait respectable. Et dans un premier temps, avant de suspecter un défaut générique sur ces outils et de les remplacer, je vais patienter pour voir si d’autres ciseaux sont affectés par le même défaut.
Quoiqu’il en soit, nous allons procéder à la réparation de l’outil. Et pour ce faire j’ai pris le parti d’utiliser de la résine époxy (ou colle époxy). C’est une colle bi-composants, poisseuse, visqueuse, épaisse et incompressible, qui polymérise une fois les deux composants minutieusement mélangés. Cette polymérisation est initiée au bout de une à quelques dizaines de minutes en fonction du type de durcisseur utilisé.
J’ai ainsi réalisé de fines rainures sur les arêtes de la soie. Une disqueuse équipée d’un disque à tronçonner est une option. Une scie à métaux en est une également. L’objectif de ces rainures est d’augmenter l’accroche du manche sur la soie, C’est justement dans ces arêtes que la résine va pouvoir venir se loger pour avoir plus de prise.
Dans le manche, je visse une vis de gros diamètres qui va laisser derrière elle le sillon du filetage. Une fois la vis extraite, ce sillon va donc augmenter la profondeur des aspérités sur la surface qui viendra au contact de la soie. Par voie de conséquence, il participe à une meilleure adhérence du manche à la soie. Nota: l’élastique permet de marquer la profondeur maximale de vissage pour ne pas visser en fond de perçage.
Dans un premier temps, on enduit du mieux possible les deux surfaces de colle. On cherche à faire en sorte que la résine se loge dans les aspérités des deux éléments. On veille à ce que la colle ne soit pas présente en excès sur le manche. Le but étant de ne pas créer de bourrelet à l’interface avec le renflement de la lame en base de soie. En effet, le manche doit dans la mesure du possible appuyer sur le métal et non sur de l’époxy.
Dans un second temps, on accoste le manche sur la soie. On vient pour ce faire frapper la tête à l’aide d’un maillet. Le but de l’opération est d’asseoir le manche sur le renflement de la lame. L’excès d’époxy, s’il se trouve initialement sur les parois du manche viendra migrer en fond de perçage. On veillera à contenir la quantité de résine que l’on dépose. Son accumulation ne facilitera pas l’accostage en butée des deux parties de l’outil.
A contrario, si l’excès se trouve sur la soie, il viendra migrer au niveau du bourrelet. C’est ce que l’on cherche dans la mesure du possible à éviter. Ceci dit, un serrage convenable de l’ensemble aidera la colle à migrer vers l’extérieur. Il suffira alors d’en essuyer l’excès.
Même si la résine époxy continue à durcir de longues semaines après le début de la polymérisation, je vais laisser le ciseau sécher 48h avant de le replacer dans la trousse de mes élèves.
Je suis confiant pour la tenue de la réparation. Cependant je garderai un oeil sur le comportement de ce ciseau sur le long terme.
En tout état de cause, je tâcherai de ne pas le mettre entre les mains d’un Golgoth lors de la prochaine session de mise en pratique des fondamentaux…!
6 replies to “Réparation d’un ciseau à bois”
Willer Hervé
Pourquoi utiliser un ciseau plutôt qu’un bédane pour » bucher » un mortaise?
Sébastien
Hervé,
Il existe un technique que j’ai vue utilisée par Paul Sellers qui permet d’utiliser un ciseau à bois en lieu et place d’un bédane pour creuser une mortaise. J’ai été le premier surpris mais à celà je vois deux avantages: moyennant un peu d’attention pour ne pas mettre la lame en porte-à-faux dans le mauvais axe (là où la section de la lame offrira le moins de résistance), 1. on peut mettre en oeuvre un outil moins encombrant et plus maniable que le bédane et 2. On s’économise, dans un premier temps du moins, l’achat d’un jeu de bédane qui peut, en fonction des fabricants, rajouter un demi-rein sur le montant de la facture finale.
A très bientôt,
Sébastien
PS: ceci dit, j’ai tout de même réussi à casser un ciseau de 3mm à bûcher les pièces femelles des enfourchements d’un lutrin…! Trop petite section… Sanction!
Jacques Grisart
Bonsoir Sebastien,
moi, j’aimerais savoir comment faire un manche pour des vieux ciseaux achetés sur une brocante. ou reçus. Il me semble avoir aperçu cela chez Mortise & Tenon mais je n’arive plus à retrouver l’info. Et hélas avec le Brexit, j’ai renoncé à continuer achter le magazine vu que je dois payer des taxes aussi chères que le magazine lui-même. Cela dit, j’ai contacté Dieter Schmidt à Berlin pour leur suggérer de distribuer la magazine sur le continent européen et ainsi ne plus devoir payer des taxes scandaleuse, ils semble intéressés par le challenge, cela devait se fair en 2023. En attendant si vous avez une piste pour ma question elle sera la bienvenue.
Merci d’avance.
Jacques, le belge …
Sébastien
Bonsoir Jacques,
Il est clair qu’il ne fait pas bon chercher du matériel outre-manche en ce moment et j’ai comme le sentiment que c’est parti pour durer…!
(Ceci dit, outre-atlantique, c’est la même paire de manches – sans mauvais jeu de mots sur les noms des mers et océans! – c’est au bas mot 50% du prix en plus à débourser entre les frais de douane et les frais de port…).
Pour ce qui concerne la fabrication d’un manche, tout dépend de l’architecture de l’outil: est-ce une lame à soie ou à fourreau?
A fourreau, il faut un tour: en son absence, il sera très difficile de respecter la conicité du manche et l’angle complémentaire au fourreau. Et dès que l’on s’en éloigne, le manche ne reste plus logé dans l’outil.
A soie, tout dépend de la forme de la soie. Dans notre cas, il s’agit d’une soie de section carrée, aux arêtes arrondies. Le perçage du manche est cylindrique d’un diamètre inférieur (on devait être à 8mm de diamètre de perçage pour 10mm de côté en terme de section de soie. On joue alors sur la compressibilité des fibres pour permettre la tenue du manche sur la lame.
Ceci dit, j’ai eu à adapter un manche pour lui permettre de tenir sur une gouge coudée de chez Scharwaechter. J’ai pour cela réalisé un perçage étagé pour qu’il puisse s’adapter à la soie pyramidale de section carrée de l’outil.
Quant au manche lui-même, cela va sans dire que les fibres du bois doivent être orientées dans l’axe de l’outil et je réaliserais son façonnage à la plane puis à la râpe (la mienne est piquée main et c’est un excellent outil!). Ceci dit pour un outil de frappe (bédane par ex.), je chercherais des manches pré-équipés de viroles (en base et en haut du manche) pour éviter qu’il ne se désintègre au premier coup de maillet.
J’espère que ces éléments de réponse vous seront utiles!
A bientôt,
Sébastien
Adrien Poupin
Bonjour Sébastien !
Merci de tout ce travail que tu nous partage ici, c’est très précieux. En particulier, tu décris des outils et techniques sur je n’ai pas vus ailleurs sur le net, et qu’il faudrait sinon aller glaner dans les vieux organees sur le travail du bois… D’autant que tu expliques pas à pas et montres des photos.
Merci à Cray Birkenvald de t’avoir cité, c’est comme ça que j’ai découvert ton travail.
Je me demande comment, avec des outils à main, faire des tasseaux de faible épaisseur (1-5 mm par exemple). J’imagine qu’il faudrait un gabarit du style planche à recaler, mais avec une rainure pour passer le rabot dessus. Enfin je ne sais pas si je suis clair….
As-tu déjà fait ça, voire fait un gabarit ? Si non, que serait le nom du bouzin que je cherche ?
Peut-être qu’il faut que j’aille regarder du côté de la lutherie, où il y a souvent de petites pièces de bois.
Merci pour ton aide, le cas échéant, j’ai toujours plaisir à découvrir un nouvel article sur tes blogs !
Adrien.
Sébastien
Salut Adrien,
Un grand merci pour ton retour et je suis heureux de savoir que ce partage enrichit!
En tous cas, l’approche que j’embrasse est singulière dans la mesure où elle s’abstrait de mesures graduées. L’intérêt, c’est que la mesure graduée induit de manière inhérente le cumul de deux erreurs: l’une à la lecture, l’autre au report de mesure. Et rare sont les fois où ces erreurs se compensent!
Cette approche un peu singulière revient non pas à travailler comme en l’ancien temps (j’aime trop la musique qui passe dans l’atelier pour ça!) mais elle vise à adopter une approche très pragmatique et qui produit de la précision. D’ailleurs, les bases de cette approche s’inspirent de ce qui avait cours au début du siècle dernier dans les ateliers où on travaillait le bois.
En tous cas merci à Cray pour la citation. Un Cray qui derrière son air ronchon et débonnaire est loin d’être con! (faudrait que j’aille voir s’il ne dit pas trop de conneries tout de même!!!).
Maintenant, pour répondre à ta question, s’il me fallait produire des tasseaux de faible épaisseur, je partirais sur un gabarit à calibrer. L’occasion pour moi ne s’est pas présentée mais je partirais sur un gabarit de ce type:
Ce calibreur est ajusté à la largeur du rabot que j’utilise (ici un 5 1/2) et la piste est matérialisée par les deux feuillures dans les débits qui constituent les parois du gabarit. Dans ton cas, c’est la distance entre le fond de la feuillure (cote prise dans l’orientation de la photo) et la surface sur laquelle tu vas appuyer les pièces que tu travailles qui va déterminer l’épaisseur finale de tes tasseaux.
J’ai souvenir de tels calibreurs qui s’utilisaient avec un rabot de paume. Tout dépend en réalité de la largeur des tasseaux que tu souhaites produire. En tous cas, ton intuition est très pertinente!
(et si si, c’était très clair!)
A bientôt pour le prochain article sur le blog (j’y travaille activement) et au plaisir d’échanger!
Sébastien