Le serre-joint a aujourd’hui remplacé le valet d’établi. C’est un fait et y a-t-il une raison à cela? Il n’y a pas à ma connaissance d’enquête sociologique sur le sujet mais il semble évident qu’il est plus facile d’utiliser un serre-joint à la volée sur la table basse du salon pour scier un tasseau que de percer le plateau de cette dernière pour mettre en œuvre un valet…!
Pourtant, un valet est un moyen extraordinaire de maintenir des pièces sur le plateau d’un établi. Et je peux vous assurer que pour peu que votre établi ne soit pas transformé en patinoire par le vernis qu’on lui a appliqué, vos pièces ne bougeront pas d’un pouce
Principe de fonctionnement
Le valet d’établi a pour fonction quasi-exclusive de maintenir les pièces de bois que l’on souhaite travailler en les plaquant par le dessus sur la surface du plateau de l’établi. Pour le mettre en œuvre, on insère sa tige dans le trou. On cale la pièce sous la tête puis on frappe un coup de massette verticalement sur la partie la plus haute du valet. On répète au besoin pour bien caler tout ça. Pour libérer la pièce, on frappe horizontalement dans l’axe de la tête à l’arrière de la tige. Le coup est donné un peu au dessus de la surface du plateau. On réitère jusqu’à ce que le valet libère la pièce. Quoiqu’il en soit, le valet d’établi travaille grâce à l’élasticité de sa tête qui repose sur la pièce en question tandis que la tige se met en porte-à-faux dans un trou cylindrique pratiqué de part et d’autre du plateau.
La mécanique est simple, presque magique. Tellement d’ailleurs qu’il arrive parfois que les valets ne tiennent pas en place. Et dans ce cas, à fortiori si l’on débute, on se sent un peu démuni pour corriger le problème. Eh oui: la magie a ceci de mystérieux que quand ça ne marche pas, on est bien incapable de dire pourquoi! Or si le valet ne maintient pas sa pression sur la pièce c’est que sa tige glisse. Et la tige glisse parce que la surface de son acier n’agrippe pas convenablement le bois dans le trou qui l’accueille. Voici un aperçu des problèmes que j’ai pu rencontrer ainsi que quelques pistes pour les résoudre.
Défaut géométrique
Un diamètre de trou trop important par exemple. C’est d’ailleurs un défaut auquel il va être difficile de palier. Si le trou est déjà percé, il faut trouver un valet dont le diamètre de la tige est adaptée. Un autre défaut géométrique possible? L’épaisseur du plateau. En réalité, un valet fonctionne pour un plateau dont l’épaisseur appartient à une plage donnée. Trop fin, le valet n’accrochera pas. Pire: les contraintes engendrées sur le bois à sa mise en place seront telles qu’il va finir par endommager le bois. En tout état de cause, il convient de se référer aux préconisations du fabricant des valets. Lui saura vous dire le diamètre du trou, l’épaisseur du plateau.
Défaut de friction
La friction entre le bois et la tige du valet est trop faible. Deux origines possibles: le bois ou le valet. Je rappelle à toutes fins utiles que le déversement d’huile de vidange sur un plateau d’établi ou l’application de paraffine n’est pas une pratique recommandée. Donc si aucune cause extérieure ne vient modifier sa nature, il y a peu de chances pour que le bois en soit la cause. En revanche, la surface de la tige, elle, est très souvent lisse. Il convient pour lui donner de l’accroche de la marquer avec du papier de verre (grain 80 ou plus grossier) en enroulant de l’abrasif autour et en le saisissant à pleine main. On fait alors tourner la tête. Les rayures ainsi créées sur le cylindre sont perpendiculaires à l’axe de la tige. J’ai rencontré ce problème en tentant de faire tenir des valets Grammercy sur l’établi Roubo que je venais de me construire. Et c’est cette solution qui a redonné du mordant à mes valets. C’est tout simplement bluffant d’efficacité!
Marquage des pièces
Un autre problème que l’on peut rencontrer à la mise en œuvre des valets d’établi? Les valets sont constitués d’acier et viennent s’appuyer sur le bois de la pièce. Or cela présente un réel danger pour la pièces sur laquelle vous allez travailler. En effet, pour un maintien efficace de la pièce, il ne faut pas lésiner sur les coups portés à la massette. Et je parie un vieux ciseau à bois que vous finirez par marquer la surface de votre pièce. Pour y palier, il suffit d’interposer quelque chose de suffisamment lisse et rigide entre la pièce et la tête du valet. Un ami dont le nom commence par un « L » et termine par un « ucas Mainferme » utilise des patins en cuir de fabrication maison. Pour ma part et si je me suis bien longtemps escrimé à utiliser des cales, j’utilise désormais des planchettes rectangulaires percées qui viennent équiper mes deux valets et qui protègent la surface des pièces. Ces planchettes leur sont désormais associées. D’ailleurs si quelqu’un y voit la moindre objection, qu’il se lève de suite ou se taise à jamais!
Alors aujourd’hui, parce qu’il est d’une simplicité extrême, qu’il est très versatile et qu’il est d’une efficacité redoutable, pour rien au monde je ne me séparerai de mes valets.
D’ailleurs non, le valet d’établi n’est pas mort… Vive le valet!
Bonjour, merci pour ce billet à la gloire du modeste valet. Modeste mais au principe de fonctionnement et à la forme si simples et élégants que le serre-joint semble quelque peu grossier en comparaison. Ce dernier a par contre l’avantage, en effet, de convenir à de nombreuses situations et de ne pas nécessiter d’établi.
à l’école on utilisait beaucoup le valet et c’est une pratique qui m’est resté, plus rapide à mettre en place qu’un serre joint dans certain cas, sans vouloir jouer les « riches », j’ai quand même décidé de garder mes valets qui me servent vraiment beaucoup et sans regarder les heures LOL
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Longue vie au Valet d’établi!
Le serre-joint a aujourd’hui remplacé le valet d’établi. C’est un fait et y a-t-il une raison à cela? Il n’y a pas à ma connaissance d’enquête sociologique sur le sujet mais il semble évident qu’il est plus facile d’utiliser un serre-joint à la volée sur la table basse du salon pour scier un tasseau que de percer le plateau de cette dernière pour mettre en œuvre un valet…!
Pourtant, un valet est un moyen extraordinaire de maintenir des pièces sur le plateau d’un établi. Et je peux vous assurer que pour peu que votre établi ne soit pas transformé en patinoire par le vernis qu’on lui a appliqué, vos pièces ne bougeront pas d’un pouce
Principe de fonctionnement
Le valet d’établi a pour fonction quasi-exclusive de maintenir les pièces de bois que l’on souhaite travailler en les plaquant par le dessus sur la surface du plateau de l’établi. Pour le mettre en œuvre, on insère sa tige dans le trou. On cale la pièce sous la tête puis on frappe un coup de massette verticalement sur la partie la plus haute du valet. On répète au besoin pour bien caler tout ça.
Pour libérer la pièce, on frappe horizontalement dans l’axe de la tête à l’arrière de la tige. Le coup est donné un peu au dessus de la surface du plateau. On réitère jusqu’à ce que le valet libère la pièce.
Quoiqu’il en soit, le valet d’établi travaille grâce à l’élasticité de sa tête qui repose sur la pièce en question tandis que la tige se met en porte-à-faux dans un trou cylindrique pratiqué de part et d’autre du plateau.
La mécanique est simple, presque magique. Tellement d’ailleurs qu’il arrive parfois que les valets ne tiennent pas en place. Et dans ce cas, à fortiori si l’on débute, on se sent un peu démuni pour corriger le problème. Eh oui: la magie a ceci de mystérieux que quand ça ne marche pas, on est bien incapable de dire pourquoi!
Or si le valet ne maintient pas sa pression sur la pièce c’est que sa tige glisse. Et la tige glisse parce que la surface de son acier n’agrippe pas convenablement le bois dans le trou qui l’accueille.
Voici un aperçu des problèmes que j’ai pu rencontrer ainsi que quelques pistes pour les résoudre.
Défaut géométrique
Un diamètre de trou trop important par exemple. C’est d’ailleurs un défaut auquel il va être difficile de palier. Si le trou est déjà percé, il faut trouver un valet dont le diamètre de la tige est adaptée.
Un autre défaut géométrique possible? L’épaisseur du plateau. En réalité, un valet fonctionne pour un plateau dont l’épaisseur appartient à une plage donnée. Trop fin, le valet n’accrochera pas. Pire: les contraintes engendrées sur le bois à sa mise en place seront telles qu’il va finir par endommager le bois.
En tout état de cause, il convient de se référer aux préconisations du fabricant des valets. Lui saura vous dire le diamètre du trou, l’épaisseur du plateau.
Défaut de friction
La friction entre le bois et la tige du valet est trop faible. Deux origines possibles: le bois ou le valet. Je rappelle à toutes fins utiles que le déversement d’huile de vidange sur un plateau d’établi ou l’application de paraffine n’est pas une pratique recommandée. Donc si aucune cause extérieure ne vient modifier sa nature, il y a peu de chances pour que le bois en soit la cause.
En revanche, la surface de la tige, elle, est très souvent lisse. Il convient pour lui donner de l’accroche de la marquer avec du papier de verre (grain 80 ou plus grossier) en enroulant de l’abrasif autour et en le saisissant à pleine main. On fait alors tourner la tête. Les rayures ainsi créées sur le cylindre sont perpendiculaires à l’axe de la tige.
J’ai rencontré ce problème en tentant de faire tenir des valets Grammercy sur l’établi Roubo que je venais de me construire. Et c’est cette solution qui a redonné du mordant à mes valets. C’est tout simplement bluffant d’efficacité!
Marquage des pièces
Un autre problème que l’on peut rencontrer à la mise en œuvre des valets d’établi? Les valets sont constitués d’acier et viennent s’appuyer sur le bois de la pièce. Or cela présente un réel danger pour la pièces sur laquelle vous allez travailler. En effet, pour un maintien efficace de la pièce, il ne faut pas lésiner sur les coups portés à la massette. Et je parie un vieux ciseau à bois que vous finirez par marquer la surface de votre pièce.
Pour y palier, il suffit d’interposer quelque chose de suffisamment lisse et rigide entre la pièce et la tête du valet. Un ami dont le nom commence par un « L » et termine par un « ucas Mainferme » utilise des patins en cuir de fabrication maison. Pour ma part et si je me suis bien longtemps escrimé à utiliser des cales, j’utilise désormais des planchettes rectangulaires percées qui viennent équiper mes deux valets et qui protègent la surface des pièces. Ces planchettes leur sont désormais associées. D’ailleurs si quelqu’un y voit la moindre objection, qu’il se lève de suite ou se taise à jamais!
Alors aujourd’hui, parce qu’il est d’une simplicité extrême, qu’il est très versatile et qu’il est d’une efficacité redoutable, pour rien au monde je ne me séparerai de mes valets.
D’ailleurs non, le valet d’établi n’est pas mort… Vive le valet!
3 replies to “Longue vie au Valet d’établi!”
otedanyel
Bonjour, merci pour ce billet à la gloire du modeste valet. Modeste mais au principe de fonctionnement et à la forme si simples et élégants que le serre-joint semble quelque peu grossier en comparaison. Ce dernier a par contre l’avantage, en effet, de convenir à de nombreuses situations et de ne pas nécessiter d’établi.
PHILIPPE THIRIET
à l’école on utilisait beaucoup le valet et c’est une pratique qui m’est resté, plus rapide à mettre en place qu’un serre joint dans certain cas, sans vouloir jouer les « riches », j’ai quand même décidé de garder mes valets qui me servent vraiment beaucoup et sans regarder les heures LOL
Sébastien
Ils obéissent au doigt et à l’oeil (ou presque!) 😉