Ce n’est pas un scoop: j’aime discuter travail du bois à la main. Demandez-donc à Alexis, Lucas, Franck, Michael ou Michel, et les autres..! Ceci dit, ce que j’aime particulièrement, c’est quand lors de nos discussions, une idée, une technique, un point particulier ressort et me fait dire que le partage fera grandir ceux qui travaillent le bois à la main. Et justement ce fût le cas pendant cette conversation téléphonique avec Aurélien sur la répartition des serre-joints lors du collage.
Aurélien a suivi le cycle des Fondamentaux du Travail du Bois à la Main et m’a recontacté parce qu’il a le projet de réaliser un établi de type Roubo (je n’ai pas l’habitude de laisser mes anciens élèves au milieu du gué avec une question technique!).
Une étape de cette réalisation de l’établi nécessite de poser des lames sur chant puis de les coller face contre face pour constituer les deux demi-plateaux. Très vite s’est posée la question de la façon de répartir les serre-joints et son corollaire: « Combien de serre-joints sont-ils recommandés pour assurer un collage solide?«
Une réponse que j’ai beaucoup entendue et lue d’emblée est la suivante: « Utilisez autant de serre-joints que possible » ou encore « Le nombre de serre-joints disponibles +1 ». En d’autre terme, on n’en a jamais assez… Bon, on ne va pas tourner autour du pot, ça ressemble à la réponse de quelqu’un qui ne s’est jamais penché sur la question. Et en cela, ça me laisse sur ma faim…: dois-je mettre un serre-joint sur un serre-joint? Dois-je en arriver à dégainer mes pince à linge???
Pour constituer une réponse préliminaire, il est nécessaire de comprendre la mécanique de serrage lorsque l’on vient actionner la poignée d’un serre-joint et c’est ce que j’ai tenté d’illustrer dans ce schéma que j’ai envoyé à Aurélien:
Comme je sais que tous mes lecteurs ne sont pas nécessairement pharmaciens et donc ne possèdent pas la capacité précieuse de déchiffrer des hiéroglyphes, voici la transcription des annotations du schéma (de gauche à droite et de haut en bas):
Cône de répartition des pressions
La distance est suffisante pour que les cônes se chevauchent
Pièce 1, Pièce 2
Coulure de colle
Zones de chevauchement
Le point essentiel concernant le serrage, c’est que la contrainte exercée par le serre-joint au sein du bois suit un cône réparti à 45° de part et d’autre du point d’application du serrage. Ainsi, pour que le collage soit efficace et l’assemblage à terme soit solide, la répartition des serre-joints recommande que les cônes au moins se touchent, sinon se chevauchent. Par conséquent, et je ne sais pas si vous me voyez venir, mais il est possible de déterminer le nombre de serre-joints recommandé pour un collage donné, le tout en fonction de la longueur du joint de colle et de la hauteur des pièces à coller!
C’est bien beau mais ça ne vaut pas une explication:
Comme le cône de répartition suit un angle de 45° de part et d’autre de l’axe de serrage étant donné que le point d’application se trouve à une distance (h) du joint de colle, le cône couvrira le joint de colle sur une longueur égale à l’épaisseur (h) de la lame à coller. Et ceci tant à droite qu’à gauche de l’axe. En d’autres termes, un serre-joint presse sur une longueur 2 x h du joint de colle.
Exercice de cahier de vacances: combien faut-il de serres-joints pour coller deux lames de 5cm d’épaisseur sur une longueur de 2m? (selon les consignes, n’oublie pas de colorier les crabes en rouge et les étoiles de mer en jaune!!)
Réponse:
200cm de joint de colle
5 x 2cm = 10cm de longueur de serrage
200/10 = 20
20 serre-joints seront donc nécessaire pour coller 2m de lames qui viendront constituer les plateaux (as-tu bien colorié ton crabe et ton étoile de mer???).
Une question se pose alors: que se passe-t-il dans le cas où les lames n’ont pas la même épaisseur?
La répartition des pression se fait toujours selon un cône de 45° mais le schéma ci-contre illustre bien le fait que la plage de pression sur le joint de colle appliqué par le mors du bas est plus large que celle exercée par celui du haut. Or pour que la colle subisse le serrage, il est nécessaire que les deux mords appliquent la pression simultanément et ce de part et d’autre du chant encollé.
Il en résulte que la lame la plus étroite est dimensionnante pour déterminer le nombre de serre-joints et c’est bien elle qu’il faut prendre en compte pour déterminer le nombre de serre-joints recommandés pour le collage.
Ah, au fait il y a un dernier point important concernant la mécanique du serrage: la force appliquée par le serre-joint reste inchangée et constante. C’est tout simplement celle que l’on exerce en tournant la poignée et qui nous donne des crampes aux avant-bras. Ceci dit, cette force se répartit sur une surface d’autant plus grande que l’on s’éloigne des mords. En d’autre terme, la pression de serrage diminue avec l’épaisseur des planches.
Ainsi, pour que le joint de colle soit solide et durable, il importe que la pression soit suffisante et en la matière, pas besoin de sortir la calculatrice: il faut sortir les bras et serrer le plus fort possible!!!
Alors message à Aurélien: je n’aurais pas imaginé au moment de décrocher le téléphone que notre discussion allait nous amener là et je te dédie cet article!!!
Il n’empêche, j’imagine maintenant que vous comprendrez mieux les choses qui se trameront quand vous actionnerez la poignée de vos serre-joints la colle en excès dégouline sur la face de vos plateaux. Et de vous à moi maintenant, cette compréhension est source d’une immense satisfaction: celle de progresser en comprenant mieux, jour après jour, la pratique que l’on embrasse!
Vous pouvez maintenant fermer vos cahiers de vacances et retourner à l’atelier: le crabe et l’étoile de mer vous remercient!
Coucou Sébastien, justement j’aurais aimé avoir ton avis sur la direction à donner aux cernes du bois dans le cas d’un collage sur chant comme un plateau d’établi, on me donne soit l’alternance comme un collage à plat, ou au contraire toutes les cernes dans le même sens pour que les déformation aillent dans le même sens et éviter les tensions aux jonctions supérieures et inférieures. Panneaux traditionnels ça va mais là j’avoue ne pas savoir quel est le mieux, merci pour ton avis et ton aide
Amicalement Phil
Bonjour Philippe,
Eh oui, en parlant de plateau d’établi constitué lames posées sur chant et avec une sensibilité pour l’hygrométrie du bois et ses déformations suite aux variations de taux d’humidité, inévitablement vient la question de l’orientation des cernes en bois de bout!
Alors sans divulgâcher l’explication (mais ton intuition était juste), je te renvoie à l’article de T2woodworks qui traite du sujet!
Après, tu noteras que les contraintes seront minimales (et le risque de fente par conséquent au plus bas) lorsque les cernes des différentes lames sont bien parallèles et présentent le même cintrage. Mais ça, c’est dans un monde parfait! Or dans le monde réel, il y aura inévitablement des contraintes et tout l’art réside dans le fait de diminuer le risque en se plaçant de manière systématique du bon côté de la barrière!
Bien à toi et au plaisir de te lire!
Sébastien
merci mon cher ami et encore bravo pour ton parcourt, en septembre je te demanderais quelques renseignements sur ton stage dans l’optique de me faire plaisir,
au grand plaisir
amitiés
Phil
bonjour
étant un modeste menuisier sur 2 mètres je n aurai mis que 5 serres joint
car il faut prendre en compte la pression a obtenir , la pression préconisée par le fabriquant du type de colle utilisé et lorsque je voit des coulées de colle je me pose des question la colle doit tout au plus perler
vous voyez les avis divergent
etienne desthuilliers
Bonjour Etienne,
Dans l’idéal, je suis tout à fait d’accord, la colle doit perler. Cela permet de réaliser des économies de colle.
Ce n’est pas un secret: sans noyer le joint de colle, j’applique de la colle avec une certaine générosité. Le but étant 1. de m’assurer que la colle ne sèche pas avant la mise en contact et 2. d’avoir la certitude que chacune des surfaces qui constituent le joint de colle est au contact avec le produit. En effet, c’est parce que le joint de colle est intégralement encollé que sa solidité sera optimale.
Il y a peut-être et néanmoins je le concède un axe d’amélioration à faire de ce côté là.
Bien à vous,
Sébastien
Bonjour Etienne,
La colle que j’utilise est une colle que j’approvisionne. Je n’ai pas de calcul de grammage à faire et me tiens au temps ouvert donné par le fabricant. Je n’ai jamais eu de surprise jusqu’à présent.
Excellente fin de journée, excellent week-end.
Sébastien
Le grammage donné pas les fabricants est de l’ordre de 150 g/m2. Comme la densité de la colle est proche de celle de l’eau, ça fait en gros 15 cl, ou un bon ballon de vin par m2. En gros avec la pression recommandée (env. 10 kg/cm2) la colle doit perler au moins un petit peu. Ça permet de prévoir une quantité de colle à mettre dans un bol pour tremper le pinceau pour l’ensemble du collage. Si c’est plus c’est pas grave, ça fait juste de la colle gâchée !
« Le point essentiel concernant le serrage, c’est que la contrainte exercée par le serre-joint au sein du bois suit un cône réparti à 45° de part et d’autre du point d’application du serrage. »
Tout à fait d’accord avec le concept du cône de serrage et son utilisation pour le collage.
En revanche, comment sait-on que le cône est à 45° ?
Bon, je chipote, car on n’est pas à 10° près… Mais je serais curieux de connaître l’angle en question.
Et puis, à vrai dire, la transition entre serrage et pas serrage (dans le cône et hors du cône) n’est pas si nette. Cela se fait progressivement.
Intuitivement, je dirais que cela dépend également de la raideur des éléments serrés entre eux.
En ce qui me concerne, je suis partisan de rajouter des cales épaisses et larges, afin de répartir la pression de serrage, et ainsi limiter le nombre de presses.
C’est tout à fait juste. Il s’agit là d’une modélisation, une manière de concevoir les choses qui permet de bien conceptualiser le phénomène. Et effectivement, le chemin des contraintes dans le bois au serrage ne prend pas la forme de la lumière qui sort d’un lampadaire (jour d’un côté, nuit de l’autre), mais il y a une certaine diffusion des contraintes dû effectivement à la rigidité du matériau. Les rebords du cône sont en réalité flous!
Pourquoi 45°? J’imagine que des chercheurs en mécanique des solides se sont penchés sur la question et ont déterminé
Et la stratégie qui consiste à ajouter des cales d’épaisseur pour élargir la zone d’application et répartir la pression de serrage et éventuellement limiter le nombre de serre-joint est tout à fait cohérente. Cependant, il faut (et c’est difficile à faire, j’en conviens) veiller à rester au dessus de la pression de serrage de la colle.
Bonjour, je dois coller deux poutres en bois l’une avec l’autre pour en former une seule qui sera structurellement portante
Je lis votre article avec intérêt du coup, je suis assez d accord sur votre réflexion bien que j ai entendu de la bouche d un représentant rectavit que la distance est égale au double de l épaisseur du bois …
je rajouterai simplement que cela dépend également de la force que vous pourrez appliquer avec le serre joint au final si on parle de 1kg/cm2 ( par exemple je n ai pas encore jeté un oeil ) dans mon cas poutre de 22/8 soit 44cm * 8 cm = 352 cm2, il faut que votre serre joint puisse amener ces 350 kg, dans le cas contraire, il faudra revoir l’entre-distance à la baisse …
Quelque chose de très rigide pour amener une répartition c est pas mal, enfin au royaume de la débrouille, les ingénieux sont roi : un cric bouteille ou de voiture pourra vous amener la pression nécessaire ( pour autant que vous puissiez la répartir )
Autres idées : pas assez de serre joint ? une corde nouée en boucle et un bois inséré dedans que l on tourne seront tjs mieux que rien 😉
Merci Louys pour cette contribution à la réflexion!
Et je confirme: pour le serrage, on parle bien de pression. Autrement dit, pour être dans les clous (le jeu de mot n’était pas intentionnel, c’est promis!) au regard des spécifications du fabricant de la colle, il faut que la pression appliquée au niveau du joint de colle se trouve dans la fourchette des valeurs spécifiées. Or une pression est par définition une force qui se réparti sur l’ensemble d’une surface.
Or lorsque l’on serre, on applique bien une force sur le serre-joint qui se répartit d’abord sur la zone d’interface entre le mors du serre-joint et la pièce puis se diffuse au sein de la pièce selon (nous l’avons vu) un cône à 45° env. de part et d’autre du serrage. La force reste la même or la surface augmente. Par conséquent, la pression diminue.
Charge à l’utilisateur de serrer suffisamment les serre-joints et les mettre en quantité suffisante pour être bon.
De mon côté et comme je le dis dans l’article, je serre au plus fort. Je n’ai jamais eu de problèmes sur mes joints de colle.
Excellente semaine!
Sébastien
Serrer « le plus for possible » n’est pas toujours recommandé parce que trop de pression évacue la colle et il n’en reste pas assez pour une prise optimale. En effet, le but est de garder une petite épaisseur au joint de colle. Voir les préconisations du fabricant de colle. Un point de repère est de 10 kg/cm2.
Pour évaluer correctement le nombre de serres il aussi prendre en compte la pression nécessaire sur le joint de colle. La notice de la colle blanche Titebond préconise 7 à 10 kg par cm2 pour les bois tendres et 12 à 17 kg pour les bois durs. On a besoin de la surface de chaque joint de colle.
Par exemple des planches de 1 m par 2 cm, ça fait 200 cm2, pour un bois moyen à 10 kg/cm2 on a besoin d’une force totale de 2000 kg (2 tonnes). Un serre-joint à barre alu peut aller jusqu’à env. 500 kg, il en faut au moins 4. Par contre avec des serre-joints style Bessey K, qui font jusqu’à 150 kg, il en faudra au moins 2000/150= 30 (!!!). À cela s’ajoute la contrainte d’angle de 45 degrés, qui dit que l’on doit avoir au moins 1 serre pour chaque longueur de 1,5 x largeur des planches d’extrémités. Par exemple pour des lattes de 15 cm de large, il en faudra au min une tous les 1,5 x 15 = 22,5 cm. Soit env. 5 pour l’exemple.
Bien sûr, il faut respecter tous les minimums (pression et écartement).
À noter : la colle animale chaude se serre à la main et durcit en quelques secondes, on peut se passer de serres ! (mais il y a des inconvénients, cf google)
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Le Secret de la Répartition des Serre-Joints
Ce n’est pas un scoop: j’aime discuter travail du bois à la main. Demandez-donc à Alexis, Lucas, Franck, Michael ou Michel, et les autres..! Ceci dit, ce que j’aime particulièrement, c’est quand lors de nos discussions, une idée, une technique, un point particulier ressort et me fait dire que le partage fera grandir ceux qui travaillent le bois à la main.
Et justement ce fût le cas pendant cette conversation téléphonique avec Aurélien sur la répartition des serre-joints lors du collage.
Aurélien a suivi le cycle des Fondamentaux du Travail du Bois à la Main et m’a recontacté parce qu’il a le projet de réaliser un établi de type Roubo (je n’ai pas l’habitude de laisser mes anciens élèves au milieu du gué avec une question technique!).
Une étape de cette réalisation de l’établi nécessite de poser des lames sur chant puis de les coller face contre face pour constituer les deux demi-plateaux. Très vite s’est posée la question de la façon de répartir les serre-joints et son corollaire: « Combien de serre-joints sont-ils recommandés pour assurer un collage solide?«
Une réponse que j’ai beaucoup entendue et lue d’emblée est la suivante: « Utilisez autant de serre-joints que possible » ou encore « Le nombre de serre-joints disponibles +1 ». En d’autre terme, on n’en a jamais assez…
Bon, on ne va pas tourner autour du pot, ça ressemble à la réponse de quelqu’un qui ne s’est jamais penché sur la question. Et en cela, ça me laisse sur ma faim…: dois-je mettre un serre-joint sur un serre-joint? Dois-je en arriver à dégainer mes pince à linge???
Pour constituer une réponse préliminaire, il est nécessaire de comprendre la mécanique de serrage lorsque l’on vient actionner la poignée d’un serre-joint et c’est ce que j’ai tenté d’illustrer dans ce schéma que j’ai envoyé à Aurélien:
Comme je sais que tous mes lecteurs ne sont pas nécessairement pharmaciens et donc ne possèdent pas la capacité précieuse de déchiffrer des hiéroglyphes, voici la transcription des annotations du schéma (de gauche à droite et de haut en bas):
Ainsi, pour que le collage soit efficace et l’assemblage à terme soit solide, la répartition des serre-joints recommande que les cônes au moins se touchent, sinon se chevauchent. Par conséquent, et je ne sais pas si vous me voyez venir, mais il est possible de déterminer le nombre de serre-joints recommandé pour un collage donné, le tout en fonction de la longueur du joint de colle et de la hauteur des pièces à coller!
En d’autres termes, un serre-joint presse sur une longueur 2 x h du joint de colle.
combien faut-il de serres-joints pour coller deux lames de 5cm d’épaisseur sur une longueur de 2m? (selon les consignes, n’oublie pas de colorier les crabes en rouge et les étoiles de mer en jaune!!)
20 serre-joints seront donc nécessaire pour coller 2m de lames qui viendront constituer les plateaux (as-tu bien colorié ton crabe et ton étoile de mer???).
Une question se pose alors: que se passe-t-il dans le cas où les lames n’ont pas la même épaisseur?
La répartition des pression se fait toujours selon un cône de 45° mais le schéma ci-contre illustre bien le fait que la plage de pression sur le joint de colle appliqué par le mors du bas est plus large que celle exercée par celui du haut.
Or pour que la colle subisse le serrage, il est nécessaire que les deux mords appliquent la pression simultanément et ce de part et d’autre du chant encollé.
Il en résulte que la lame la plus étroite est dimensionnante pour déterminer le nombre de serre-joints et c’est bien elle qu’il faut prendre en compte pour déterminer le nombre de serre-joints recommandés pour le collage.
Ah, au fait il y a un dernier point important concernant la mécanique du serrage: la force appliquée par le serre-joint reste inchangée et constante. C’est tout simplement celle que l’on exerce en tournant la poignée et qui nous donne des crampes aux avant-bras.
Ceci dit, cette force se répartit sur une surface d’autant plus grande que l’on s’éloigne des mords. En d’autre terme, la pression de serrage diminue avec l’épaisseur des planches.
Ainsi, pour que le joint de colle soit solide et durable, il importe que la pression soit suffisante et en la matière, pas besoin de sortir la calculatrice: il faut sortir les bras et serrer le plus fort possible!!!
Alors message à Aurélien: je n’aurais pas imaginé au moment de décrocher le téléphone que notre discussion allait nous amener là et je te dédie cet article!!!
Il n’empêche, j’imagine maintenant que vous comprendrez mieux les choses qui se trameront quand vous actionnerez la poignée de vos serre-joints la colle en excès dégouline sur la face de vos plateaux.
Et de vous à moi maintenant, cette compréhension est source d’une immense satisfaction: celle de progresser en comprenant mieux, jour après jour, la pratique que l’on embrasse!
Vous pouvez maintenant fermer vos cahiers de vacances et retourner à l’atelier: le crabe et l’étoile de mer vous remercient!
16 replies to “Le Secret de la Répartition des Serre-Joints”
Philippe (Magic Phil)
Coucou Sébastien, justement j’aurais aimé avoir ton avis sur la direction à donner aux cernes du bois dans le cas d’un collage sur chant comme un plateau d’établi, on me donne soit l’alternance comme un collage à plat, ou au contraire toutes les cernes dans le même sens pour que les déformation aillent dans le même sens et éviter les tensions aux jonctions supérieures et inférieures. Panneaux traditionnels ça va mais là j’avoue ne pas savoir quel est le mieux, merci pour ton avis et ton aide
Amicalement Phil
Sébastien
Bonjour Philippe,
Eh oui, en parlant de plateau d’établi constitué lames posées sur chant et avec une sensibilité pour l’hygrométrie du bois et ses déformations suite aux variations de taux d’humidité, inévitablement vient la question de l’orientation des cernes en bois de bout!
Alors sans divulgâcher l’explication (mais ton intuition était juste), je te renvoie à l’article de T2woodworks qui traite du sujet!
Après, tu noteras que les contraintes seront minimales (et le risque de fente par conséquent au plus bas) lorsque les cernes des différentes lames sont bien parallèles et présentent le même cintrage. Mais ça, c’est dans un monde parfait! Or dans le monde réel, il y aura inévitablement des contraintes et tout l’art réside dans le fait de diminuer le risque en se plaçant de manière systématique du bon côté de la barrière!
Bien à toi et au plaisir de te lire!
Sébastien
PHILIPPE THIRIET
merci mon cher ami et encore bravo pour ton parcourt, en septembre je te demanderais quelques renseignements sur ton stage dans l’optique de me faire plaisir,
au grand plaisir
amitiés
Phil
Sébastien
C’est entendu et le rendez-vous est pris!
Au plaisir de se revoir.
Sébastien
etienne desthuilliers
bonjour
étant un modeste menuisier sur 2 mètres je n aurai mis que 5 serres joint
car il faut prendre en compte la pression a obtenir , la pression préconisée par le fabriquant du type de colle utilisé et lorsque je voit des coulées de colle je me pose des question la colle doit tout au plus perler
vous voyez les avis divergent
etienne desthuilliers
Sébastien
Bonjour Etienne,
Dans l’idéal, je suis tout à fait d’accord, la colle doit perler. Cela permet de réaliser des économies de colle.
Ce n’est pas un secret: sans noyer le joint de colle, j’applique de la colle avec une certaine générosité. Le but étant 1. de m’assurer que la colle ne sèche pas avant la mise en contact et 2. d’avoir la certitude que chacune des surfaces qui constituent le joint de colle est au contact avec le produit. En effet, c’est parce que le joint de colle est intégralement encollé que sa solidité sera optimale.
Il y a peut-être et néanmoins je le concède un axe d’amélioration à faire de ce côté là.
Bien à vous,
Sébastien
etienne desthuilliers
bonjour comment calculez vous le temps ouvert de votre colle et le grammage ?
bonne réflexion , le collage est aussi un art
bien amicalement
Sébastien
Bonjour Etienne,
La colle que j’utilise est une colle que j’approvisionne. Je n’ai pas de calcul de grammage à faire et me tiens au temps ouvert donné par le fabricant. Je n’ai jamais eu de surprise jusqu’à présent.
Excellente fin de journée, excellent week-end.
Sébastien
Antoine
Le grammage donné pas les fabricants est de l’ordre de 150 g/m2. Comme la densité de la colle est proche de celle de l’eau, ça fait en gros 15 cl, ou un bon ballon de vin par m2. En gros avec la pression recommandée (env. 10 kg/cm2) la colle doit perler au moins un petit peu. Ça permet de prévoir une quantité de colle à mettre dans un bol pour tremper le pinceau pour l’ensemble du collage. Si c’est plus c’est pas grave, ça fait juste de la colle gâchée !
Denis
« Le point essentiel concernant le serrage, c’est que la contrainte exercée par le serre-joint au sein du bois suit un cône réparti à 45° de part et d’autre du point d’application du serrage. »
Tout à fait d’accord avec le concept du cône de serrage et son utilisation pour le collage.
En revanche, comment sait-on que le cône est à 45° ?
Bon, je chipote, car on n’est pas à 10° près… Mais je serais curieux de connaître l’angle en question.
Et puis, à vrai dire, la transition entre serrage et pas serrage (dans le cône et hors du cône) n’est pas si nette. Cela se fait progressivement.
Intuitivement, je dirais que cela dépend également de la raideur des éléments serrés entre eux.
En ce qui me concerne, je suis partisan de rajouter des cales épaisses et larges, afin de répartir la pression de serrage, et ainsi limiter le nombre de presses.
Bon copeaux 😉
Sébastien
Bonjour Denis,
C’est tout à fait juste. Il s’agit là d’une modélisation, une manière de concevoir les choses qui permet de bien conceptualiser le phénomène. Et effectivement, le chemin des contraintes dans le bois au serrage ne prend pas la forme de la lumière qui sort d’un lampadaire (jour d’un côté, nuit de l’autre), mais il y a une certaine diffusion des contraintes dû effectivement à la rigidité du matériau. Les rebords du cône sont en réalité flous!
Pourquoi 45°? J’imagine que des chercheurs en mécanique des solides se sont penchés sur la question et ont déterminé
Et la stratégie qui consiste à ajouter des cales d’épaisseur pour élargir la zone d’application et répartir la pression de serrage et éventuellement limiter le nombre de serre-joint est tout à fait cohérente. Cependant, il faut (et c’est difficile à faire, j’en conviens) veiller à rester au dessus de la pression de serrage de la colle.
A très bientôt!
Sébastien
Louys
Bonjour, je dois coller deux poutres en bois l’une avec l’autre pour en former une seule qui sera structurellement portante
Je lis votre article avec intérêt du coup, je suis assez d accord sur votre réflexion bien que j ai entendu de la bouche d un représentant rectavit que la distance est égale au double de l épaisseur du bois …
je rajouterai simplement que cela dépend également de la force que vous pourrez appliquer avec le serre joint au final si on parle de 1kg/cm2 ( par exemple je n ai pas encore jeté un oeil ) dans mon cas poutre de 22/8 soit 44cm * 8 cm = 352 cm2, il faut que votre serre joint puisse amener ces 350 kg, dans le cas contraire, il faudra revoir l’entre-distance à la baisse …
Quelque chose de très rigide pour amener une répartition c est pas mal, enfin au royaume de la débrouille, les ingénieux sont roi : un cric bouteille ou de voiture pourra vous amener la pression nécessaire ( pour autant que vous puissiez la répartir )
Autres idées : pas assez de serre joint ? une corde nouée en boucle et un bois inséré dedans que l on tourne seront tjs mieux que rien 😉
Sébastien
Merci Louys pour cette contribution à la réflexion!
Et je confirme: pour le serrage, on parle bien de pression. Autrement dit, pour être dans les clous (le jeu de mot n’était pas intentionnel, c’est promis!) au regard des spécifications du fabricant de la colle, il faut que la pression appliquée au niveau du joint de colle se trouve dans la fourchette des valeurs spécifiées. Or une pression est par définition une force qui se réparti sur l’ensemble d’une surface.
Or lorsque l’on serre, on applique bien une force sur le serre-joint qui se répartit d’abord sur la zone d’interface entre le mors du serre-joint et la pièce puis se diffuse au sein de la pièce selon (nous l’avons vu) un cône à 45° env. de part et d’autre du serrage. La force reste la même or la surface augmente. Par conséquent, la pression diminue.
Charge à l’utilisateur de serrer suffisamment les serre-joints et les mettre en quantité suffisante pour être bon.
De mon côté et comme je le dis dans l’article, je serre au plus fort. Je n’ai jamais eu de problèmes sur mes joints de colle.
Excellente semaine!
Sébastien
Antoine
Serrer « le plus for possible » n’est pas toujours recommandé parce que trop de pression évacue la colle et il n’en reste pas assez pour une prise optimale. En effet, le but est de garder une petite épaisseur au joint de colle. Voir les préconisations du fabricant de colle. Un point de repère est de 10 kg/cm2.
Antoine
Pour évaluer correctement le nombre de serres il aussi prendre en compte la pression nécessaire sur le joint de colle. La notice de la colle blanche Titebond préconise 7 à 10 kg par cm2 pour les bois tendres et 12 à 17 kg pour les bois durs. On a besoin de la surface de chaque joint de colle.
Par exemple des planches de 1 m par 2 cm, ça fait 200 cm2, pour un bois moyen à 10 kg/cm2 on a besoin d’une force totale de 2000 kg (2 tonnes). Un serre-joint à barre alu peut aller jusqu’à env. 500 kg, il en faut au moins 4. Par contre avec des serre-joints style Bessey K, qui font jusqu’à 150 kg, il en faudra au moins 2000/150= 30 (!!!). À cela s’ajoute la contrainte d’angle de 45 degrés, qui dit que l’on doit avoir au moins 1 serre pour chaque longueur de 1,5 x largeur des planches d’extrémités. Par exemple pour des lattes de 15 cm de large, il en faudra au min une tous les 1,5 x 15 = 22,5 cm. Soit env. 5 pour l’exemple.
Bien sûr, il faut respecter tous les minimums (pression et écartement).
À noter : la colle animale chaude se serre à la main et durcit en quelques secondes, on peut se passer de serres ! (mais il y a des inconvénients, cf google)
Sébastien
Merci Antoine pour ces commentaires fort pertinents! Au plaisir de vous lire.