Ceux qui ont suivi un stage ou une formation que donne La Manufacture vous le diront. Il n’y a rien de plus confortable que de travailler sur un établi fonctionnel. D’ailleurs, je ne saurais que trop vous recommander d’entrer dans le travail du bois par la grande porte en réalisant votre propre établi. Et je ne parle pas nécessairement de s’attaquer à un établi Roubo. Quoique…! Outre l’acte on ne peut plus noble que de construire son propre outil de travail, le fait de réaliser son établi est une occasion rêvée de se frotter sans réel danger ni réel enjeu aux techniques d’assemblage propres au travail du bois aux outils à main. Une sorte de brouillon avant de passer aux choses sérieuses. Parce qu’il s’agit d’une pièce qui ne sortira pas de l’intimité secrète de votre atelier!
Or il se trouve que pas plus tard qu’hier, j’ai eu une longue discussion avec une personne qui est en train de réfléchir au plan de l’établi qu’elle souhaite se fabriquer et qui butait sur quelques questions. Voici en substance la teneur de nos discussions et les astuces de réalisation d’un établi Roubo qu’il me semble pertinent de rendre public ici!
Par où commencer?
Quand on se décide à passer le pas et à travailler le bois avec des outils à main, on ressent très rapidement le besoin de réaliser son propre établi. Et c’est une excellente chose à plus d’un titre. Non seulement, vous allez – et c’est une certitude – fabriquer un établi d’une qualité autrement meilleure que celle des établis que l’on trouve dans le commerce, mais vous allez vous confronter directement et de manière très enrichissante au nouveau paradigme qu’impose le travail du bois aux outils à main.
La première chose à laquelle on s’attèle en général, c’est de glaner des ressources sur internet. De la matière première, de l’information qui permet non seulement de se faire une idée de l’ampleur de la tâche mais également qui permet de voir comment techniquement les autres s’y sont pris. D’ailleurs il faut bien reconnaître que les ressources fouillées et exhaustives sont rares… Parce que si vous voulez vous attaquer à un établi Roubo et en toute objectivité, il n’y a pas 36 sources un tant soit peu pertinentes et détaillées: il y a l’article sur la réalisation d’un établi Roubo sur T2Woodworksplus, il y a les vidéos pas très catholiques de Créolignum sur le sujet et quelques descriptifs/pas-à-pas en anglais auquel l’article de T2WW+ fait référence.
Alors, copier ou adapter?
Quand on débute, donc, on s’inspire de ce que l’on trouve sur le net. S’offrent alors à nous deux options. Soit on réalise une copie conforme de ce que l’on a à disposition, soit on cherche à l’adapter. Et c’est justement ce que la personne que j’ai eu au bout du fil avait l’intention de faire. Et quoi de plus normal que de chercher à ce que la réalisation s’inscrive parfaitement en terme de dimension dans son environnement de destination? D’ailleurs, c’est peut-être l’occasion de repenser et d’adapter les fonctionnalités…?
En l’occurrence (et ça me semble judicieux de les modifier en ce sens), on a tout intérêt à chercher à atteindre la longueur du plateau la plus grande possible. Puis, dans la mesure du raisonnable, chercher à augmenter l’épaisseur du plateau et chercher à tendre vers une épaisseur située entre 10 et 12cm, en cherchant du mieux possible à s’approcher des 12cm. C’est justement ce que la personne avec qui j’ai échangé s’apprêtait à faire. Alors s’il existe une multitude de points techniques qui peuvent porter à interrogation, voici les problèmes auxquels elle a été confrontée et comment il m’a semblé pertinent de les aborder.
Commençons par l’épaisseur du plateau.
Epaisseur du plateau
Il existe des plans disponibles pour la réalisation d’un établi Roubo. Or le travail du bois à la main dans le cadre d’une pratique individuelle permet justement de s’absoudre des plans. C’est le fameux changement de paradigme que j’évoquais. Mais revenir de façon systématique à un plan quand on se lance dans ce type de projet a ceci d’autant plus rassurant que l’on se jette dans le plus grand des inconnus. A fortiori quand c’est la toute première fois. Le plan agit alors un peu comme un phare dans la nuit qui guide les bateaux vers le port (si vous voulez tirer tout la substantifique moelle poétique de ces mots, il faut les lire avec une voix de cagole: « um peu commeu um farreu da la nui ki guideu lé batô verreu leu porreu…! »).
Or suivre un plan à la lettre peut s’avérer hasardeux dans la mesure où l’on place de fait une confiance aveugle en celui qui l’a établi. Et je peux vous promettre que l’on est parfois en droit de se se demander si la consommation sous forme de cigarettes aromatisées de dérivés d’orties chinoises n’a pas une influence trop forte sur ceux qui sont censés produisent lesdits plans! Des cotes essentielles sont très souvent absentes, quand elles sont pas complètement fausses… Tu parleu d’um farreu!
C’est la raison pour laquelle il me semble important de considérer un plan avec du recul et en adoptant une approche basée sur les invariants.
Une histoire d'invariants
Les invariants, c’est quoi?? Un invariant, c’est une donnée ou une cote qui n’évoluera pas si l’on allonge ou que l’on raccourcit telle ou telle autre cote. L’invariant agira alors lui comme un pilier, comme une chose qui ne bougera pas, une référence, le fameux phare pour le frêle esquif! Et d’ailleurs, l’invariant n’est invariant que parce qu’il y a l’existence d’une contrainte. Par exemple:
La hauteur du plateau
La hauteur de la surface du plateau par rapport au sol peut être définie comme un invariant parce que l’on peut parfaitement souhaiter que la surface de travail reste, quoiqu’il se passe, à 95cm du sol par exemple. (C’est la morphologie de l’utilisateur qui vient poser cette contrainte). Ainsi, si l’on souhaite augmenter l’épaisseur du plateau de 10 à 12cm il faudra nécessairement diminuer la longueur des pieds de 85 à 83cm pour conserver une surface de travail à 95cm du sol…
Installation de la presse latérale et épaisseur de plateau
Dans le cas auquel la personne en question était confrontée en cherchant à atteindre 12cm d’épaisseur de plateau, l’utilisation d’un mécanisme de presse latérale de la marque Benchcrafted sur un plateau de 12cm d’épaisseur au lieu de 10, n’implique pas nécessairement de défoncer le dessous du plateau de 2cm pour installer le mécanisme. Ce que je suis en train de dire, c’est que l’introduction du mécanisme BC ne contraint pas directement l’épaisseur du plateau. Il suffira, s’il n’y a pas d’autres conséquences, d’augmenter l’épaisseur du bloc qui porte la greppe mobile.
En effet, l’augmentation de l’épaisseur du bloc qui porte la greppe aura pour conséquence d’augmenter le moment de force qui s’applique sur le mécanisme et donc l’effort sur les vis qui fixent le blog sur le chariot mobile. L’augmentation de 10 à 12cm de l’épaisseur du bloc induit une augmentation de l’ordre de 20% du moment généré par la force de serrage au niveau de la platine inférieure du mécanisme. C’est à dire que pour un bras de levier inchangé (la distance d’axe à axe entre les vis de fixation du bloc sur la platine restant inchangé), il y aura une augmentation des efforts de l’ordre de 20%. Pour peu qu’on ait pris des vis de D2mm et que le blog soit en balsa, on reste dans des ordres de grandeurs parfaitement admissibles pour l’ensemble des pièces sollicitées mécaniquement!
Chercher l'invariant là où il se trouve
L’épaisseur du plateau en soi n’est par conséquent pas un invariant. En revanche, la distance verticale de l’axe de la tige filetée du mécanisme de presse latérale par rapport au plan de fixation du mécanisme (i.e. le dessous du plateau) l’est bien puisque c’est un invariant directement lié aux côtes intrinsèques du mécanisme. Il est par conséquent nécessaire de respecter non pas la distance du dessus du plateau à l’axe mais bien la distance de dessous du plateau à l’axe.
La longueur du plateau
Autre problème posé pendant notre discussion téléphonique: adapter la longueur du plateau est encore un exemple pour lequel un suivi à la lettre du plan risque de vous mener dans une impasse. Mais en tout premier lieu, quelle longueur?
Quelle longueur pour un plateau d'établi?
La réponse est simple: il s’agit de la longueur la plus adaptée aux pièces les plus longues que vous allez travailler d’une part et la longueur la plus adaptée à la pièce dans laquelle vous allez travailler d’autre part.
Autrement dit, il faut que le plateau soit en mesure d’accueillir et de maintenir ces longues pièces ce qui, compte tenu des marges pour les éléments de serrage (greppe, retour de presse latérale, etc…) permettra d’en déduire la longueur mini. D’autre part, il faut que l’établi rentre dans votre atelier et que vous puissiez travailler autour. Dans son bouquin « The anarchist’s workbench », Schwarz parle d’une distance de travail de 1m autour de la bête pour pouvoir raboter ou du moins du côté où on est le plus susceptible de raboter. On en déduira une longueur maxi.
Parfois, la longueur mini et la longueur maxi ne sont pas compatibles…. Il va falloir alors revoir ses prétentions à la baisse et généralement, à moins de déménager l’atelier dans une autre pièce, c’est la taille max des pièces que l’on produira qui sera réduite.
Adapter la longueur du plateau par rapport aux plans
Pour adapter la longueur du plateau, deux approches sont alors envisageables: il s’agit soit d’augmenter le porte-à-faux du plateau côté presse latérale, ce qui permet, si tant est qu’il soit suffisamment important, de prendre appui sur le plateau pour faire pivoter l’établi dans l’atelier, soit augmenter la longueur des longues traverses du piétement. Et personnellement, j’opterai préférentiellement pour cette seconde solution.
NB: j’ai lu cet argument en faveur d’un porte-à-faux important qui se justifie par la possibilité de prendre appui sur le porte-à-faux pour déplacer et/ou réorienter l’établi dans la pièce. Je suis dubitatif et ça me fait vraiment penser à ça. Il ne suffit pas de pousser l’établi et, si la corpulence le permet, de le soulever, non???!!!
Vient alors très rapidement à se poser la question de savoir comment concilier la distance des pieds et la position des greppes. En effet, il n’est pas envisageable d’avoir une mortaise de greppe débouchante… sur un pied, voire même partiellement débouchante sur un pied!! Ce serait un nid à poussière, il serait impossible de sortir la greppe… Il va donc falloir un peu anticiper.
Pour déterminer la position des pieds, il me semble intéressant de comprendre que leur position (et leur corollaire: la longueur de la traverse longue du piétement) n’est pas une position parfaitement fixe. Ainsi, cette cote ne constitue pas un invariant pour l’établi, qu’on parle d’un établi Roubo ou de tout autre. Bien au contraire, puisqu’en réalité une position variant de 2 à 5 cm d’un et/ou l’autre des pieds reste tout à fait acceptable. Je placerai par conséquent les pieds en fonction de la position des greppes. C’est d’ailleurs cette approche que j’ai adopté pour la réalisation de mon établi il y a déjà huit ans, un établi dont pour rien au monde je ne me séparerai!
Et maintenant, vous attendez quoi?
Je pense que je ne le dirai jamais assez mais travailler sur un établi fonctionnel est un réel plaisir. Je n’irai pas jusqu’à dire que le travail se fait tout seul, mais une pièce solidement maintenue sur un établi parfaitement stable, solide et lourd, c’est la garantie que l’intégralité de l’énergie mise dans l’outil est transmise à la pièce et par conséquent, la garantie de la meilleure efficacité.
Alors, faites-vous la plus belle des faveurs et donnez-vous la peine de vous construire un bel établi!
One reply to “Un établi Roubo: astuces pour la réalisation”
Morgan
Voilà un article qui fait écho au pourquoi je préfère la modélisation paramétriques façon fusion360 ou Freecad à SketchUp.
On fixe les invariants (qui sont nos variables), on calcul les autres en fonction et c’est parti
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Un établi Roubo: astuces pour la réalisation
Ceux qui ont suivi un stage ou une formation que donne La Manufacture vous le diront. Il n’y a rien de plus confortable que de travailler sur un établi fonctionnel. D’ailleurs, je ne saurais que trop vous recommander d’entrer dans le travail du bois par la grande porte en réalisant votre propre établi. Et je ne parle pas nécessairement de s’attaquer à un établi Roubo. Quoique…! Outre l’acte on ne peut plus noble que de construire son propre outil de travail, le fait de réaliser son établi est une occasion rêvée de se frotter sans réel danger ni réel enjeu aux techniques d’assemblage propres au travail du bois aux outils à main. Une sorte de brouillon avant de passer aux choses sérieuses. Parce qu’il s’agit d’une pièce qui ne sortira pas de l’intimité secrète de votre atelier!
Or il se trouve que pas plus tard qu’hier, j’ai eu une longue discussion avec une personne qui est en train de réfléchir au plan de l’établi qu’elle souhaite se fabriquer et qui butait sur quelques questions. Voici en substance la teneur de nos discussions et les astuces de réalisation d’un établi Roubo qu’il me semble pertinent de rendre public ici!
Par où commencer?
Quand on se décide à passer le pas et à travailler le bois avec des outils à main, on ressent très rapidement le besoin de réaliser son propre établi. Et c’est une excellente chose à plus d’un titre. Non seulement, vous allez – et c’est une certitude – fabriquer un établi d’une qualité autrement meilleure que celle des établis que l’on trouve dans le commerce, mais vous allez vous confronter directement et de manière très enrichissante au nouveau paradigme qu’impose le travail du bois aux outils à main.
La première chose à laquelle on s’attèle en général, c’est de glaner des ressources sur internet. De la matière première, de l’information qui permet non seulement de se faire une idée de l’ampleur de la tâche mais également qui permet de voir comment techniquement les autres s’y sont pris.
D’ailleurs il faut bien reconnaître que les ressources fouillées et exhaustives sont rares… Parce que si vous voulez vous attaquer à un établi Roubo et en toute objectivité, il n’y a pas 36 sources un tant soit peu pertinentes et détaillées: il y a l’article sur la réalisation d’un établi Roubo sur T2Woodworksplus, il y a les vidéos pas très catholiques de Créolignum sur le sujet et quelques descriptifs/pas-à-pas en anglais auquel l’article de T2WW+ fait référence.
Alors, copier ou adapter?
Quand on débute, donc, on s’inspire de ce que l’on trouve sur le net. S’offrent alors à nous deux options. Soit on réalise une copie conforme de ce que l’on a à disposition, soit on cherche à l’adapter. Et c’est justement ce que la personne que j’ai eu au bout du fil avait l’intention de faire. Et quoi de plus normal que de chercher à ce que la réalisation s’inscrive parfaitement en terme de dimension dans son environnement de destination? D’ailleurs, c’est peut-être l’occasion de repenser et d’adapter les fonctionnalités…?
En l’occurrence (et ça me semble judicieux de les modifier en ce sens), on a tout intérêt à chercher à atteindre la longueur du plateau la plus grande possible. Puis, dans la mesure du raisonnable, chercher à augmenter l’épaisseur du plateau et chercher à tendre vers une épaisseur située entre 10 et 12cm, en cherchant du mieux possible à s’approcher des 12cm.
C’est justement ce que la personne avec qui j’ai échangé s’apprêtait à faire. Alors s’il existe une multitude de points techniques qui peuvent porter à interrogation, voici les problèmes auxquels elle a été confrontée et comment il m’a semblé pertinent de les aborder.
Commençons par l’épaisseur du plateau.
Epaisseur du plateau
Il existe des plans disponibles pour la réalisation d’un établi Roubo. Or le travail du bois à la main dans le cadre d’une pratique individuelle permet justement de s’absoudre des plans. C’est le fameux changement de paradigme que j’évoquais.
Mais revenir de façon systématique à un plan quand on se lance dans ce type de projet a ceci d’autant plus rassurant que l’on se jette dans le plus grand des inconnus. A fortiori quand c’est la toute première fois. Le plan agit alors un peu comme un phare dans la nuit qui guide les bateaux vers le port (si vous voulez tirer tout la substantifique moelle poétique de ces mots, il faut les lire avec une voix de cagole: « um peu commeu um farreu da la nui ki guideu lé batô verreu leu porreu…! »).
Or suivre un plan à la lettre peut s’avérer hasardeux dans la mesure où l’on place de fait une confiance aveugle en celui qui l’a établi. Et je peux vous promettre que l’on est parfois en droit de se se demander si la consommation sous forme de cigarettes aromatisées de dérivés d’orties chinoises n’a pas une influence trop forte sur ceux qui sont censés produisent lesdits plans! Des cotes essentielles sont très souvent absentes, quand elles sont pas complètement fausses… Tu parleu d’um farreu!
C’est la raison pour laquelle il me semble important de considérer un plan avec du recul et en adoptant une approche basée sur les invariants.
Une histoire d'invariants
Les invariants, c’est quoi??
Un invariant, c’est une donnée ou une cote qui n’évoluera pas si l’on allonge ou que l’on raccourcit telle ou telle autre cote. L’invariant agira alors lui comme un pilier, comme une chose qui ne bougera pas, une référence, le fameux phare pour le frêle esquif!
Et d’ailleurs, l’invariant n’est invariant que parce qu’il y a l’existence d’une contrainte. Par exemple:
La hauteur du plateau
Ainsi, si l’on souhaite augmenter l’épaisseur du plateau de 10 à 12cm il faudra nécessairement diminuer la longueur des pieds de 85 à 83cm pour conserver une surface de travail à 95cm du sol…
Installation de la presse latérale et épaisseur de plateau
En effet, l’augmentation de l’épaisseur du bloc qui porte la greppe aura pour conséquence d’augmenter le moment de force qui s’applique sur le mécanisme et donc l’effort sur les vis qui fixent le blog sur le chariot mobile. L’augmentation de 10 à 12cm de l’épaisseur du bloc induit une augmentation de l’ordre de 20% du moment généré par la force de serrage au niveau de la platine inférieure du mécanisme. C’est à dire que pour un bras de levier inchangé (la distance d’axe à axe entre les vis de fixation du bloc sur la platine restant inchangé), il y aura une augmentation des efforts de l’ordre de 20%.
Pour peu qu’on ait pris des vis de D2mm et que le blog soit en balsa, on reste dans des ordres de grandeurs parfaitement admissibles pour l’ensemble des pièces sollicitées mécaniquement!
Chercher l'invariant là où il se trouve
L’épaisseur du plateau en soi n’est par conséquent pas un invariant. En revanche, la distance verticale de l’axe de la tige filetée du mécanisme de presse latérale par rapport au plan de fixation du mécanisme (i.e. le dessous du plateau) l’est bien puisque c’est un invariant directement lié aux côtes intrinsèques du mécanisme. Il est par conséquent nécessaire de respecter non pas la distance du dessus du plateau à l’axe mais bien la distance de dessous du plateau à l’axe.
La longueur du plateau
Autre problème posé pendant notre discussion téléphonique: adapter la longueur du plateau est encore un exemple pour lequel un suivi à la lettre du plan risque de vous mener dans une impasse. Mais en tout premier lieu, quelle longueur?
Quelle longueur pour un plateau d'établi?
La réponse est simple: il s’agit de la longueur la plus adaptée aux pièces les plus longues que vous allez travailler d’une part et la longueur la plus adaptée à la pièce dans laquelle vous allez travailler d’autre part.
Autrement dit, il faut que le plateau soit en mesure d’accueillir et de maintenir ces longues pièces ce qui, compte tenu des marges pour les éléments de serrage (greppe, retour de presse latérale, etc…) permettra d’en déduire la longueur mini.
D’autre part, il faut que l’établi rentre dans votre atelier et que vous puissiez travailler autour. Dans son bouquin « The anarchist’s workbench », Schwarz parle d’une distance de travail de 1m autour de la bête pour pouvoir raboter ou du moins du côté où on est le plus susceptible de raboter. On en déduira une longueur maxi.
Parfois, la longueur mini et la longueur maxi ne sont pas compatibles…. Il va falloir alors revoir ses prétentions à la baisse et généralement, à moins de déménager l’atelier dans une autre pièce, c’est la taille max des pièces que l’on produira qui sera réduite.
Adapter la longueur du plateau par rapport aux plans
Pour adapter la longueur du plateau, deux approches sont alors envisageables: il s’agit soit d’augmenter le porte-à-faux du plateau côté presse latérale, ce qui permet, si tant est qu’il soit suffisamment important, de prendre appui sur le plateau pour faire pivoter l’établi dans l’atelier, soit augmenter la longueur des longues traverses du piétement. Et personnellement, j’opterai préférentiellement pour cette seconde solution.
NB: j’ai lu cet argument en faveur d’un porte-à-faux important qui se justifie par la possibilité de prendre appui sur le porte-à-faux pour déplacer et/ou réorienter l’établi dans la pièce. Je suis dubitatif et ça me fait vraiment penser à ça. Il ne suffit pas de pousser l’établi et, si la corpulence le permet, de le soulever, non???!!!
Vient alors très rapidement à se poser la question de savoir comment concilier la distance des pieds et la position des greppes. En effet, il n’est pas envisageable d’avoir une mortaise de greppe débouchante… sur un pied, voire même partiellement débouchante sur un pied!! Ce serait un nid à poussière, il serait impossible de sortir la greppe… Il va donc falloir un peu anticiper.
Pour déterminer la position des pieds, il me semble intéressant de comprendre que leur position (et leur corollaire: la longueur de la traverse longue du piétement) n’est pas une position parfaitement fixe. Ainsi, cette cote ne constitue pas un invariant pour l’établi, qu’on parle d’un établi Roubo ou de tout autre. Bien au contraire, puisqu’en réalité une position variant de 2 à 5 cm d’un et/ou l’autre des pieds reste tout à fait acceptable. Je placerai par conséquent les pieds en fonction de la position des greppes. C’est d’ailleurs cette approche que j’ai adopté pour la réalisation de mon établi il y a déjà huit ans, un établi dont pour rien au monde je ne me séparerai!
Et maintenant, vous attendez quoi?
Je pense que je ne le dirai jamais assez mais travailler sur un établi fonctionnel est un réel plaisir. Je n’irai pas jusqu’à dire que le travail se fait tout seul, mais une pièce solidement maintenue sur un établi parfaitement stable, solide et lourd, c’est la garantie que l’intégralité de l’énergie mise dans l’outil est transmise à la pièce et par conséquent, la garantie de la meilleure efficacité.
Alors, faites-vous la plus belle des faveurs et donnez-vous la peine de vous construire un bel établi!
One reply to “Un établi Roubo: astuces pour la réalisation”
Morgan
Voilà un article qui fait écho au pourquoi je préfère la modélisation paramétriques façon fusion360 ou Freecad à SketchUp.
On fixe les invariants (qui sont nos variables), on calcul les autres en fonction et c’est parti